Dans les années 1960, il n’y avait pas que le cinéma gothique anglais et italien. Les Allemands s’y sont aussi frottés avec, notamment, ce titre interprété par le successeur de Johnny Weissmuller dans le rôle de Tarzan et passé ensuite par l’Italie, Christopher Lee, icône bien entendu du cinéma anglais, et des seconds rôles ayant roulé leur bosse aussi bien en Allemagne qu’en Italie. Autrement dit, un vrai film européen dont l’objectif initial est, de toute évidence, d’imiter ses modèles et surfer sur les succès de ses voisins. Avec Harald Reinl, grand faiseur de séries B mais également héritier de Fritz Lang, aux manettes, le gage d’un travail solide est assuré. Reprenant tous les codes des films de la Hammer et le jeu des couleurs de Mario Bava, il sert un film qui n’a rien d’original mais qui ravira assurément les amoureux de cinéma gothique qu’il soit italien ou anglais.
Même si on a connu Christopher Lee plus convaincant, Lex Barker donne vraiment le change dans le rôle principal et ses acolytes, notamment féminins avec la très jolie Karin Dor (la femme de Harald Reinl) font vraiment le boulot. Si la musique n’est pas toujours dans le ton et les effets spéciaux un peu légers, les décors sont une vraie réussite. Toute la dernière ligne droite du film se situe ainsi dans les sous-sols d’un château qui savent allier effroi et émerveillement. Les couleurs chatoyantes choisies par le réalisateur font en effet mouche et rappellent combien le cinéma gothique s’appuie (en tout cas en Angleterre) sur des tons éclatants. On est moins dans le gothique poétique propre à Roger Corman mais le résultat reste tout à fait estimable.
Le scénario, qui offre une relecture du Puits et du pendule d'Edgar Allan Poe, déjà adapté sous le titre de La Chambre des tortures, a la bonne idée de s’éloigner de certains éléments afin de ne pas proposer une simple redite du travail de Roger Corman. La scène introductive, particulièrement barbare et efficacement mise en scène, et toute la première partie du récit permettent d’éviter une histoire en huis-clos. Une chouette idée, d’autant plus que les décors naturels, notamment les petits villages, donnent lieu à de très belles scènes qui concourent à donner un certain cachet à cette série B d’épouvante allemande.
6,5