Benoît Poelvoorde apprécie le monde du vélo, avec ce film il a pu lui rendre un hommage. Mais bien sûr, c’est un hommage à la Poelvoorde : complètement décalé, et souvent très méchant.
Le Vélo de Ghislain Lambert donne à suivre le parcours d’un éternel loser (un « porteur d’eau », dans le jargon), un coureur de troisième zone qui n’est pas né champion. Philippe Harel nous dépeint comment ce genre d’hurluberlu médiocre peut percer sa voie dans le milieu pas toujours très propre des courses cyclistes : dopage à gogo, recherche effrénée de sponsors, cures médicales douteuses ou même occultisme et tarot. Une sorte de descente aux enfers rocambolesque pour cet anti-héros au grand cœur. Bref, ça sent bon le délirium belge dans ce film !
Malheureusement Le Vélo de Ghislain Lambert souffre de quelques défauts un peu trop patents : rythme un peu flottant par moments, intrigue saccadée qui ressemble davantage à une succession d’épisodes indépendants, et personnages secondaires souvent peu fouillés. Ah, et José Garcia est insupportable, également...
Il reste la performance de Benoît Poelvoorde, qui déploie une palette plus large que d’habitude et nous surprend par moments ; Daniel Ceccaldi est efficace dans son second rôle. Niveau photographie et ambiance, on retrouve bien la ferveur de kermesse des courses d’amateurs dans la Belgique des seventies. La bande-son est également fidèle à l’époque. Quelques clins d'oeil bien placés saupoudrent le tout (sponsor Tricatel, et les apparitions d'Eddy Merckx).
Moins consensuel que le tout récent La Grande Boucle (2013), voici un hommage mordant et désabusé (mais toujours tendre) au monde du cyclisme. Inconditionnels des poilades de Poelvoorde, vous voilà prévenus : il n’y a pas que du rire là-dedans, il y a également un peu de drame.