Je suis déçu. Déçu de ne pas être allé voir le probable dernier Miyazaki au cinéma d'autant plus que j'avais l'occasion de le voir en avant-première. J'avais volontairement fait abstraction de toutes les critiques autour du film afin de ne pas être influencé que ce soit positivement ou négativement. Je voulais voir ce film en étant dénué de toutes pensées parasites afin de profiter au mieux du spectacle proposé.
Dès les première minutes je me suis souvenu pourquoi j'aimais autant le tandem Miyazaki - Joe Hisaishi. Le vent se lève est pourtant beaucoup plus terre à terre que ce qu'à pu nous proposer le duo ces dernières années. A tel point que le film se situe très à part du reste de la filmo du monsieur, tant dans la narration que dans la fantaisie et le tout sans rien y perdre en lyrisme.
S'il décide VRAIMENT d'arrêter sa carrière sur ce film, je pense qu'il a choisi le bon car c'est probablement celui qui lui ressemble le plus et il n'y a aucun doute dans le fait qu'il ai dû se voir dans le personnage de Jiro, passionné d'aviation, constamment la clope au bec et vivant pleinement sa vie d'artiste. Il est d'ailleurs drôle de voir que le film parle aussi de la fin de carrière d'un artiste, du fait de savoir s'arrêter au bon moment de sa carrière. Quelle coïncidence.
Il aborde donc ici tous les thèmes qui lui sont chers à commencer par l'aviation donc mais aussi la création, la destruction, les rêves, l'enfance... Le tout dans un équilibre très prononcé. On n'a rien sans rien et si le film fait parfois l'éloge de l'art de et la vie, c'est pour mieux les détruire par la suite. Tout a son pendant, de la plus grande fantaisie à la destruction la plus totale. Miyazaki nous place dans une zone de confort pour nous en déloger aussitôt. Ce n'est pas un film dont on ressort le sourire au lèvres, mais plutôt avec le coeur lourd et une amertume assez tenace.
Le vent se lève est un film qui bouge, qui respire, qui ne cesse de jouer avec les formes tantôt gargantuesque tantôt lilliputiennes. De l'avion en papier, au bombardier métallique. Des nuages mousseux, aux lourds nuages de cendres. De la pluie qui tombe, aux bombes qui se déchaînent. C'est une oeuvre qui explore ces dimensions sans jamais trop en faire, avec cette pudeur assez japonaise qui sied bien à cette neutralité dans le propos.
Au final Le vent se lève n'est ni un film triste, ni un film joyeux, il n'est pas fantaisiste mais n'est pas pour autant terre à terre et s'il est parfois teinté de tendresse, il reste toujours habité par la mélancolie.
Le vent se lève, il est temps de vivre.
Merci Monsieur Miyazaki.