J'ai passé la moitié finale du film à insulter Miyazaki dans ma tête parce que ce n'était pas humain de faire des histoires aussi affreuses. Moi je comptais sur Hayao pour avoir une dose de bonheur jusqu'en juin, et là... Non, pas là, on n'est plus chez Ponyo, on n'est plus nulle part, d'ailleurs. Hauts et bas, accomplissements d'une vie, le tout porté par un italien qui a tout d'un maître qui fait ses adieux, mais un tout qui n'est pas pour autant sans nous laisser rêveur.
Une biographie romancée, et voilà. L'univers onirique habituel cantonné aux moments de rêves et d'imagination, ça fait tout drôle, mais ça ne fait rien : on est les deux pieds dans les nuages, dans les fumées des avions, dans l'imagination de Jiro. Ce que l'on perd là, ici on le gagne, et finalement, quel portrait magnifique, quelle histoire grandiose.
Jiro, petit garçon binoclard-justicier qui rêve de s'envoler, qui fraternise dans ses rêves avec un Italien savoureux, qui rêve de créer des avions.
Jiro, jeune homme en marche vers ses rêves, prend le train.
Arrivée grondante d'un tremblement de terre-serpent, Tokyo soulevée, retournée, mais rencontre décisive :
Le vent se lève, il faut tenter de vivre.
Ici est l'histoire de Jiro, celui qui continue : péripéties allemandes, retour au Japon, chef de projet, rêves d'Italiens qui échouent et qui réussissent et attrapage en vol d'un parasol.
Rencontres d'un comique savoureux (le petit patron), d'une étrangeté passionnante (l'oeil pénétrant de l'Allemand), ou d'une émotion un peu trop explicitée (dialogues clichés entre Jiro et le père) : tout s'équilibre, le bon comme le moins bon, et se file dans une ligne uniforme, sans creux mais porté par des vagues de rires, d'amour et de tristesse qui ne laissent pas le spectateur poser les pieds à terre.
Jiro trace sa route, dans des conditions plus ou (plutôt) moins morales, et le spectateur lui pardonne tout.
Bon, je n'arrive pas à l'écrire cette critique, il y a trop de choses à dire et tout s'est emmêlé dans mon cerveau au premier looping de l'avion de Jiro.
Portrait historique savoureux, "le Japon va éclater", et, en effet, bouquet final explosif.
Histoire de la vie grandiose de celui qui ne faisait pas des avions pour faire la guerre, de celui qui a rencontré Nahoko et qui lui a tenu la main.
Et j'allais presque oublier de dire combien la musique était parfaite, mais c'est d'une banalité incroyable de saluer le talent d'Hisaishi.