Miyazaki aime vraiment surprendre, alternant films pour enfants et films plus matures, après le (vraiment) très enfantin "Ponyo sur la falaise", il signe le biopic d'un ingénieur en aéronautique.
Le réalisateur en profite pour montrer plein d'avions et donc faire éclater sa propre passion pour l'aéronautique visible dans la plupart de ses précédents longs-métrages, mais alors qu'à l'ordinaire : il y a toujours des éléments fantastiques dans la vie de ces jeunes héros et héroïnes, ici les seules scènes fantastiques sont des séquences de rêves, très belles, oniriques et aussi prémonitoires. Le reste est parfaitement réaliste : le personnage principal, bien qu'enfant au début, sera montré essentiellement adulte, âgé d'une vingtaine d'années.
"Le vent se lève", c'est se plonger dans une époque, ici les années 1920-1930 que j'aime beaucoup au cinéma et à la télévision : les voitures, les costumes, etc...
J'ai pensé presque sans cesse à "Aviator" de Martin Scorsese : se déroulant à la même époque et traitant de l'aéronautique, les idées de Jiro qui paraissent surréalistes aux yeux de ses collègues et supérieurs font penser à celles d'Howard Hughes. Leur rêve est commun : faire évoluer l'aéronautique en construisant des avions qui ne serviront pas pour la guerre.
Car Jiro est pacifiste et Hughes construisait des avions essentiellement pour ses films.
C'est très rare, me semble t-il, de faire un biopic d'animation, c'en est presque un documentaire tant il est documenté : même par un filtre animé, je suis arrivé à être projeté à cette époque, à suivre les mésaventures de Jiro. Comme d'habitude, le réalisateur prend son temps (plus de deux heures), parfois trop, mais chaque étape de la vie du jeune ingénieur est passionnante à suivre, confronté aussi bien sur à l'Histoire, surtout la crise financière à la fin des années vingt, suite au tremblement de terre de Kanto en 1923.
Outre son travail d'ingénieur, Jiro va rencontrer une belle jeune femme, perso, je trouve que l'histoire d'amour n'apporte absolument rien au film. Ce sont les autres protagonistes qui sont bien plus intéressants : Honjo, son meilleur ami qui pourrait être son rival et avec qui il entretient une relation vraiment forte ; Kurokawa, son patron un type sévère au physique (petit, sec) en fait le perso burlesque et bien sur Caproni : l'inventeur avec qui Jiro partage les rêves, dans les plus belles séquences du film.
Miyazaki, à plus de 70 ans, s'est clairement régalé avec ce film, qui est peut-être son plus personnel, celui qui semble le plus travaillé, appliqué, car le plus réaliste.
A ses côtés, pour la musique, il y a toujours son Joe Hisaishi qui signe une partition adéquate quoi qu'assez classique avec la période évoquée.
Le film peut-être vu en version française qui est vraiment bien : le casting vocal est fort bien choisi, Paolo Domingo est parfait pour Jiro, Guillaume Lebon (dont je suis un grand fan) est génial pour Honjo, Philippe Catoire est idéal pour Caproni et Julien Kramer est surprenant pour Kurokawa.
"Le vent se lève" n'est pas le dernier Miyazaki : un autre arrivera d'ici un ou deux ans, bien que ce film serait un Parfait tirage de révérence après nous avoir émerveillé pendant plus de trente ans.