Cinq ans après Ponyo sur la falaise, le rideau se lève, pour la dernière fois. En effet, Le vent se lève est le dixième et dernier film de l'immense réalisateur Hayao Miyazaki. Celui dont on peut facilement dire qu'il fut un des plus grands artistes de ces quarante dernières années a décidé de prendre sa retraite, à l'âge de 73 ans. Perfectionniste, grand poète, chacun de ses films peut être considéré comme un chef-d'oeuvre, du Le Château dans le ciel à Mon voisin Totoro, en passant par Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro. Son dernier film est sorti il y a deux semaines, et l’on peut d'ores et déjà dire que le cinéaste n'a rien perdu de son talent.
Tout d'abord, il faut savoir que le film est tiré d'une histoire vraie. Il est question d'un jeune homme, Jirö Horikoshi, l'ingénieur en aéronautique qui inventa le Zéro, le célèbre appareil utilisé par les Japonais durant la seconde guerre mondiale. Si l'invention de l'avion et le parcours professionnel de l'ingénieur tiennent une place prépondérante dans ce film de 2 heures, ils sont souvent relégués au second plan pour mieux développer l'histoire d'amour entre Jirö et Nahoko, bouleversante. On sent d'ailleurs que Miyazaki s'identifie particulièrement à son personnage, puisque lui aussi est passionné d'avion (le nom des studios Ghibli fait d'ailleurs références à un certain modèle d'appareil) mais n'a pas pu devenir pilote à cause de son problème aux yeux.
Si le thème du vol aérien est présent dans bon nombre de ses films, comme Porco Rosso, Le vent se lève est d'autant plus pertinent qu'il traduit parfaitement le sentiment d'exaltation que l'on peut ressentir en volant, à travers des scènes de rêve onirique et surréaliste. D'ailleurs, on se rend compte assez rapidement de l'absence d'élément fantastique tout au long du film, alors que c'était la marque de fabrique du réalisateur dans presque tous ses autres films. Néanmoins, on remarque la présence du fantastique, par petite touche, dans les séquences de rêves citées plus haut ou bien dans la scène du tremblement de terre, dont le grondement évoque celui d'un monstre. Au final, on en conclut que le film est plus proche de La colline aux Coquelicots, le précédent film des studios, réalisé par Goro Miyazaki, le fils du maître. C'est d'autant plus étonnant que les deux hommes ont entretenu jusqu'ici une relation de rivalité surprenante au sein des studios, le père reprochant au fils de le copier. En tout cas, vu la qualité des deux films de Goro, on peut se dire que la relève est assurée.
Émouvant, avec des envolées poétiques grandiose, une direction artistique toujours aussi impeccable et une bande originale qui donne des frissons, Le vent se lève a tout pour être le nouveau chef-d'oeuvre de Miyazaki, et son légitime dernier film. Certains pourront lui reprocher sa lenteur, mais elle contribue à l'ambiance incroyable de l'oeuvre et lui donne toute sa force. D'ailleurs, saviez-vous que La France est le pays qui apprécie le plus Miyazaki après le Japon ? Encore une preuve du bon goût des mangeurs de grenouilles...
Ma critique du film "Le Voyage de Chihiro" :
http://www.senscritique.com/film/Le_Voyage_de_Chihiro/critique/37481981
Ma critique de "Ponyo sur la falaise" :
http://www.senscritique.com/film/Ponyo_sur_la_falaise/critique/37779573