Si c'est comme toujours très laid (ne nous leurrons-pas : Ken Loach ne sait pas filmer), ce film du réalisateur anglais le plus engagé de sa génération a pour grande qualité son écriture qui, quoique très classique dans son schéma d'intrigue, parvient à ne jamais donner un penchant vers un personnage plutôt que l'autre et à laisser le spectateur dans la violence de sa fin, indécis quand à sa position. ; le résultat est troublant mais résultant aussi d'une certaine incapacité qu'à le scénario de préciser et établir correctement ses personnages qui nous sont donnés parmi tous les autres, flous et sans enjeux définis.
Là où le film réussit donc le mieux c'est en dressant un portrait de la grande Histoire dans une petite histoire (presque fauchée, quelques scènes font vides de décors et de moyens) : évolution du combat qui passe d'une nécessaire réaction à l'humiliation et la violence terrible d'un oppresseur (certaines scènes, notamment celle d'ouverture, sont terrible et cinglantes) à un conflit politique, engagé et social, pour finir en une guerre fratricide ridicule, presque absurde, qui dérivera encore plus tard, on le sait, sur un conflit religieux. Très bien écrit de ce côté-là, malgré la difficulté à dresser de solides personnages (ce n'est pourtant pas l'interprétation puissante des comédiens qui en est la cause), Le Vent se Lève réserve quelques scènes puissantes (l’exécution d'amis, au nom de principes, le sermon enflammé du prêtre, moment précis d'une scission à venir, ...) qui parviennent à faire oublier ses gros défauts et à maintenir l'attention et l'intérêt jusqu'à la scène finale, point final terrible qui ne fait que sonner un nouveau début.