The wind rises! The wind rises! Hmmmmm ok! Bon, sur ce coup-là, je dois admettre que j'avais un parti pris de départ assez prononcé: je voulais voir un Miyazaki, point barre. En d'autres termes je voulais rêver voyager, sortir de mon quotidien après une journée particulièrement éprouvante! Mauvaise pioche me dira-t-on, car il faut l'avouer c'est un Miyazaki pas comme les autres! Au diable le château dans le ciel, le voyage de Chihiro et compagnie, cette fois c'est du sérieux! La vie, la vraie, les catastrophes naturelles, la guerre et autres drames familiaux, tout est réel, bien réel, limite TROP réel pour un film d'animation! Oui, vous l'avez compris, pour sa dernière le doyen Miyazaki l'a joué quelque peu différemment. Vous allez tout de suite voir ou je veux en venir.
C'est l'histoire de Jiro Yamaguchi(un truc comme ça), un jeune binoclard japonais, rêveur épris de justice et grand amateur d'aviation dès l'enfance. Bien déterminé à en faire son métier et conscient de sa mauvaise vue, il décide de se lancer dans l'ingénierie aéronautique, la conception de machines volantes, qu'il ne pourra jamais piloter. L'on suit son périple (pendant 2 bonnes heures de film), à travers le japon du début des années 20 à l'après 2ème guerre mondiale entre université, usine d'aéronautique, mariage etc... le tout ponctué par ses conversations avec son idole, un ingénieur italien qu'il voit dans ses rêves...
Bon, le décor est planté! On peut y aller!
Certes, ce film est une profonde réflexion sur la société et l'utilisation qu'elle fait des rêves et des aspirations des hommes; d'accord il est bourré de références historiques, de partis pris narratifs audacieux et d'une beauté incroyable; Ok, il est infiniment réfléchi et adulte dans sa construction et les personnages sont globalement intéressants(Kurokawa m'a bien fait rigoler); Je conviens également que c'est aussi c'est une mise en situation crédible de ce gros n'importe quoi que fut la deuxième guerre mondiale mais...mais...MAIS...POURQUOI c'est obligé d'être aussi mou et aussi lent, aussi négatif et aussi sombre? Pourquoi le perso principal est aussi fade et absent, avec un relationnel aussi...bizarre (Mention spéciale à son "amitié", limitée à des conversations sombres entre 2 échanges de clopes, avec Honjo A.K.A. Mr cliché d'anti-héros)? Pourquoi n'y a-t-il pas autre chose à tirer de ce film que "en fait la vie n'est pas si nulle"? Pourquoi ce bouffon fait 2 poids 2 mesures entre sa femme et son rêve ( c'est pourtant pas compliqué de songer à arrêter de fumer quand on squatte la même pièce qu'une épouse gravement malade), ce mec ferait l'impossible pour ses avions mais pour ce qui est du reste, il laisse faire les choses, se contentant de profiter de l'instant présent, c'est dégueulasse (et ça lui plaît à la demoiselle en plus!Tchrrrrr).
A côté de ça, ce long métrage a le GROS défaut de ne présenter qu'une image réductrice et futile de l'amour, du mariage, de la cellule familiale en somme. Le mariage est assimilé comme la dégustation d'un bonheur éphémère d'une part(le mariage de Jiro), ou comme la satisfaction d'une exigence sociale, purement stéréotypée(Le mariage d'Honjo). La famille apparaît quant à elle comme un bon vieux boulet qui freine l'épanouissement total de l'individu (Le personnage de Kayo, la petite sœur casse-pieds l'illustre parfaitement). Ce film ressemble à s'y méprendre à un grand plaidoyer en faveur du renoncement à soi, du sacrifice de l'environnement immédiat au profit de celui de l'humanité; et cette apparente promotion du "généreux dehors et avare à la maison" ne saurait convenir à Mes convictions personnelles. Cela dit, il peut être applaudi pour sa cohérence, sachant que la trame du film s’articule autour d’une citation dont j’ai (volontairement) oublié l’auteur : « Le vent se lève, il faut TENTER de vivre » , il a le mérite de rester dans son game plan, et ça c’est vraiment bien joué !
En résumé, The Wind Rises est poignant, cohérent, profond et réaliste, dans la droite ligne de la citation qui accompagne le titre. En effet Jiro n'a fait tout le long que tenter de vivre, s'adapter de fatalité en fatalité. Toute fois, je suis contre cette vision de la vie, qui se refuse à RÊVER du bonheur complet, dans tous les compartiments d'une vie.
Dommage pour un film dont l'un des axes principaux est le RÊVE.