Un homme pleutre et manipulateur, le parfait faux-cul, dans la peau duquel le maestro en la matière, Alberto Sordi s'introduit al dente, sous le joug d'une épouse fortunée, rêve d'un divorce à l'italienne, ce qui dans le langage de la comédie à l'italienne sous-entend un meurtre.
Dans le rôle du mari qui rêve de devenir veuf, le Caruso de la comédie à l'italienne, Alberto Sordi rentre en scène avec panache. Ça donne un festival de mauvaise foie et de fourberie porté avec une certaine délectation.
Première collaboration importante entre Risi et Sordi, Il Vedovo préfigure le génial Il Boom de Vittorio De Sica, dans la mise à mal des faux-semblants et des travers de la réussite sociale avant tout. Sordi y interprète un industriel fauché qui tente de surnager dans un univers qui l'écrase, lui, le faire-valoir d'une épouse fortunée qui en a bu de ses malversations et autres coups tordus. Alors commence un festival où le cynisme va de paire avec les mauvais plans et les tentatives d'arnaque.
C'est souvent dans des détails hors contexte que la grandeur de la comédie Risienne s’emploie à rendre la scénographie totalement hilarante. De par une mise en scène habilement sublimée par une succession de tartes à la crème, Risi réussit toujours à rendre crédibles les multiples cabotinages du génial Alberto Sordi.
Annonçant ses futurs chef d’œuvre, Le Veuf est une sorte de mise en bouche délicieuse de ce qui sera la filmographie unique de l'immense Dino Risi.