Quel délice ce film, surtout cette complicité entre ce vieux bourru et cette tête d'ange !
Cet Alain Cohen, il crève l'écran, avec sa jolie bouille, ses yeux malicieux et sa voix très douce et chaude.
Michel Simon, avec sa bouille de clown, interprète là un de ses plus beaux rôles au cinéma.
Cette histoire autobiographique, qui relate un épisode de l'enfance de Claude Lanzman, devenu Claude Berri, renvoie à l'itinéraire de beaucoup d'enfants juifs pendant la seconde guerre mondiale, que leurs parents ont du cacher à la campagne, chez des personnes plus ou moins complices. Les complices, on les appelait les Justes.
Mais Pépé ce n'est pas son cas, car il ignore que le petit Claude est juif. Or, Pépé, il est antisémite comme pas deux ! En tant que poilu de la guerre de 14, c'est un bon pétainiste bien comme il faut, avec son florilège de nationalisme et de préjugés anti-tout : anti-juifs (on l'a dit), anti-bolchéviks, anti-francs-maçons. Mais il écoute quand même radio Londres dans son grenier le soir, pour se tenir au courant.
Ses préjugés vont donner lieu à des scènes hautement comiques au cours desquelles Pépé décrit les caractéristiques physiques des juifs et où Claude lui rétorque, moqueur :"tu as le nez crochu, tu as de grandes oreilles, tu as les cheveux frisés, c'est toi le juif !". Pépé imite aussi le bolchévik, qui, couteau entre les dents veut manger le gamin. Ce dernier, pris au jeu, se cache et éclate de rire quand Pépé fait mine de lui grignoter le ventre. Un jeu que beaucoup d'enfants ont connu avec leurs parents ou leurs grands parents.
Mémé, elle est moins politisée, plus ferme sur les règles mais tout aussi affectueuse.
Les enfants de Pépé et Mémé sont aussi très attachants. La fille c'est la Juste, la rouge, celle qui a placé Claude chez ses parents. Le fils, lui est un jeune homme amoureux, neutre au niveau politique, mais qui, sentant la Libération arriver, impose à son père de décrocher le portrait du maréchal.
Et le chien, il tient un rôle à lui tout seul : il fait partie intégrante de la famille !
A l'école, c'est moins drôle pour l'enfant, traité de "parisien tête de chien et parigot, tête de veau", caillassé, brimé. Mais, les choses vont rentrer dans l'ordre rapidement car Claude est heureux, tellement heureux qu'au moment du départ, quand ses parents reviennent le chercher, il agite longtemps la main, tandis que Pépé et Mémé ne peuvent réprimer leurs larmes.