Le vieux fusil de Robert Enrico
Si je devrais faire une liste des 5 films qui m'ont le plus retourné, choqué, travaillé après leur fin, Le vieux fusil serait sans aucune hésitation dedans. Peut être car en partie c'est un film que j'ai vu jeune, en partie à cela j'en suis sur, ou que je ne m'attendais pas à ça mais surtout car je pense que c'est tout simplement l'un des plus beaux films français sur tous les aspects possible. C'est un film que j'ai vu deux fois, la deuxième je regardais à peine, je faisais découvrir le film à une personne. Depuis je l'ai acheté en dvd, et je ne l'ai toujours pas revu.
L'action du film se situe à Montauban en 1944, un médecin, joué par Philippe Noiret doit rejoindre sa femme et sa fille dans un village situé en hauteur, un peu comme une forteresse après son travail. Lorsqu'il arrive il découvre que le village entier s'est fait massacrés, aussi bien tout le monde que sa femme et sa fille par une troupe de soldats S.S. Il se dépêche de trouver alors le vieux fusil pour commencer sa vengeance.
C'est un film de vengeance, celle d'un homme qui n'a plus rien a perdre et qui va tout mettre en oeuvre pour tuer tous ces soldats, bien que seul l'avantage est en réalité à lui puisqu'il connait mieux le village que la troupe nazi.
Le film arrive à instauré une véritable tension aussi bien du côté de Noiret que du côté des allemands, le film se mettant parfois de leur point de vue. La découverte du village morbide par Noiret monte en crescendo jusqu'à arriver en coup de grâce pour lui quand il découvre le cadavre de sa femme.
Mais au delà de cela, le film n'est pas linéaire, il est composé de plusieurs flashbacks qui viennent s'immiscer lors des temps de pause du personnage de Philipe Noiret. Ce sont des flashbacks de lui avec sa femme, sa fille avant la guerre. Ces retours en arrière désignant le temps perdu, et montrant alors un amour désespéré pour sa femme et sa volonté familiale.
Ce qui offre tout de suite une force dramatique au film indispensable tant elle caractérise la situation. Cela donne tout de suite un autre niveau de lecture, et ne se contente qu'une vengeance banale sans enjeux pour le personnage.
L'atout du film c'est évidemment Noiret, qui je pense tient le rôle de sa vie, un personnage qui perd son humanité et ce jusqu'à la fin du film. Un monsieur tout le monde qui devient une machine à tuer en perdant tout espoir dans son regard. Une des plus grandes et troublantes prestations d'acteurs dans notre paysage.
Romy Schneider qui incarne la femme de Noiret est aussi très convaincante, tout de même en recul, mais dispose d'une scène choc, qui montre tout le talent, et l'implication de cette femme au cinéma.
La musique de François de Roubaix, le genre de musique qui vous donne l'envie de suicide à l'écouter tant l'aspect mélancolique est retranscrit dans la partition.
Ce film pourrait faire débat dans la violence au cinéma, tant elle est sèche, sans concessions, brutales. Et surtout dénonciatrice de tout, que ça soit de la réalité de l'époque ou bien de la psychologie de Noiret. Elle monte aussi crescendo pour arriver à un summum déterminant. Il y a des tas de films où la violence est utilisé a bon escient et là c'est un des cas les plus maitrisés. Dites moi si je me trompe, mais la violence physique, a part les bebelries se faisaient rare en France à cet époque.
Juste à voir.