Film Russe en stop motion de l’année 2011, acclamé par la critique, Le vilain petit canard est une petite pépite dans le monde de l’animation. Véritable œuvre d’artisan, l’histoire connue de tous est sublimée par des graphismes de toute beauté et la musique de Tchaïkovski, venant ajouter une dimension tragique à l’ensemble bien plus prenante que nombre de drames occidentaux. Commentaires.
Le film ne dure qu’une heure et dix minutes et c’est dommage. Pas parce que l’histoire n’est pas bien traitée mais parce qu’on en redemande. Lentement mais sûrement, le réalisateur dépeint une société communiste idéologiste au sein d’une basse-cour qui ne supporte pas la différence. Propre critique de son pays et à la fois hymne à la tolérance, Le vilain petit canard est de ces films qui restent dans l’esprit du spectateur bien après son visionnage. D’abord parce que le destin de ce cygne rejeté est absolument dramatique mais aussi parce que le réalisateur vient ajouter les rythmes des compositions les plus connues du compositeur Russe. C’est beau, c’est parfaitement adapté à la mise en scène de l’histoire et la répétition des chansons et autres exercices de ballets vient empreindre le film de la culture soviétique sans jamais dégoûter le spectateur. La cupidité, le racisme, l’étroitesse d’esprit des habitants ne fait que grandir et choque, sans jamais manquer de finesse. Les animaux font peur, ils sont laids et ressemblent exactement à ce qu’ils pensent et font.
Tout est minutieusement millimétré pour dénoter chaque caractéristique de chaque personnage et plus particulièrement du protagoniste principal qui ne doit son salut qu’à sa gentillesse et sa volonté de survivre. Un exemple à prendre au premier degré tant et si bien qu’on en vient à se révolter tout autant que lui contre ce qui lui arrive. Dans les moments de doutes, on veut pouvoir l’aider, lui apprendre à voler de ses propres ailes et surtout rejoindre les siens.
L’animation est formidable de fluidité et ne déçoit jamais : jusqu’aux mouvements de danse si célèbres du Lac des cygnes on en prend plein la vue et les grands comme Henry Sellick pourraient pâlir de jalousie face à tant de dextérité dans la mise en scène et la narration d’une histoire pourtant classique d’un point de vue différent. Chaque épisode de la vie de cet enfant maltraité arrive comme un nouveau rebondissement, qu’on n’aurait pas vu venir, comme un nouveau coup porté à sa fierté et à sa personne en général et quand le final arrive, on est libéré de toute cette pression : le cygne nouvellement adulte prend son envol, laissant derrière lui l’étroitesse de la basse-cour, qui attendra jusqu’à la fin sa nourriture et inévitablement la mort de la main de l’Homme qui les nourrit.
C’est beau, c’est grand, c’est même superbe. Un chef-d’œuvre. Bravo !
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