Il y a une espèce d'hystérie autour de Shyamalan que j'avoue ne jamais avoir comprise: soit il est adulé par des mecs vendant son génie légèrement surestimé, soit il est descendu en flammes par une horde en délire qui se délectera de le voir s'enfoncer de films en films. N'yant pas vu beaucoup de ces films (un sympathique Sixième sens, un Incassable qu'il faut que je réévalue, et ce "Village" donc), j'avoue être mal placé pour me situer dans l'un des deux camps. Je me contente juste de juger au cas par cas. Et là, houlalalala, c'est très mauvais.
Un village isolé dans la forêt vit sous la peur: en effet, ils sont sous la menace de monstres qu'ils nomment "ceux dont on ne parle pas". Alors qu'ils pourraient juste dire "les monstres" mais bon, ça ferait moins mystérieux et poétique. Ces monstres auraient en effet enlevé des enfants de ce dit village pour faire je ne sais plus trop quoi. Les manger probablement, ou les revendre au marché noir, mais j'avoue que ma mémoire me fait défaut. Bref, le village est alors dirigé par une espèce de caste d'"anciens" qui surprotègent le village et ses habitants, afin qu'aucun d'entre eux n'aille s'aventurer en dehors, surtout les enfants. Et les enfants, dans ce film, sont représentés par Ivy Walker qui a la particularité d'être aveugle, mais surtout d'être horripilante, comme tout handicapé au cinéma qu'on représente généralement comme des gentils neuneus plein de bons sentiments et délicats avec les oiseaux et les papillons. Bien sûr, ici, ça ne loupe pas, et même au delà de nos espérances, puisque le meilleur ami d'Ivy est une espèce de mongolo incarné par Adrian Brody. Evidemment, elle est gentille avec lui, vu que tout le monde se fout de sa gueule. Normale elle est aveugle. Un aveugle c'est gentil.
Au delà de ce simple constat de mièvrerie, il ne se passe pas grand chose dans ce village. Le suspense est construit autour d'évènements quasiment sans intérêts (dans mon souvenir, les dits monstres ne commettent quasiment aucun impair de tout le film), provoquant un ennui monstre... pardon, un ennui "dont on ne parle pas", mais surtout finissent d'être anéantis, non pas par un, mais DEUX twists complètement grotesques.
Comme je suppose que tous ceux venant sur cette fiche film ont vu le film, je peux me permettre de les retranscrire - les autres, rebroussez chemin dès maintenant - : en gros au milieu du film, on apprend que les monstres sont en réalité des inventions des gardiens du village pour protéger les villageois, et surtout, contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'histoire ne se déroule pas dans le passé, mais dans le présent, notre aveugle arrivant malencontreusement dans une station service - en revanche, son ami le débile finit par crever dans un des pièges qui étaient réservés aux monstres. Le village est en effet un coin reclus créé de toutes pièces par les gardiens du village qui ont refusé la société actuelle. Donc en gros, le village n'est pas un joli petit village mystérieux au paysage automnal, mais un putain de camp de hippies qui refusent de payer l'électricité, et dont le passe temps est de se déguiser en croque mitaines pour effrayer leurs mômes. Ca flanque un peu en l'air l'ambiance que Shyamalan avait tenté d'instaurer jusque là et qui était, il faut le reconnaître, assez réussie. Et ça, c'est quand même assez frustrant, alors que le film aurait pu juste paraître moyen, il en devient complètement ridicule, quand on repense, grâce à cette révélation, à ce qu'est en réalité le village durant tout le film. La preuve en est que le twist n'est pas forcément l'ami du scénario...
Ha, et puis, une dernière chose: il aurait mieux valu trouver un autre surnom aux monstres que "ceux dont on ne parle pas", car après tout, ce que font les villageois pendant tout le film... ben c'est d'en parler non ? La poésie c'est bien. La logique parfois, c'est quand même mieux.
