Drôle de film que ce Village. Connaissant Night Shyamalan, on s’attend à un thriller fantastique jouant sur les faux semblants et, finalement, on se trouve face à une fable perchée entre romance, drame et un brin de suspense. Autant dire que les amateurs de fantastique et de frissons risquent fort d’être déçus s’ils ont choisi Le Village pour frémir devant leur écran. Le résultat est bancal. L’atmosphère étrange du début cède rapidement la place à une ambiance dramatique à la Emily Brontë et les sentiments exacerbés des uns et des autres finissent par agacer. Plutôt que de se contenter de raconter tranquillement son histoire, M. Night Shyamalan ne peut s’empêcher d’introduire des éléments de réflexion qui se veulent philosophiques qui s’éloignent trop peu des comptoirs de bar pour convaincre.
L’atout majeur du film se trouve cependant dans cette capacité à créer une atmosphère où le temps semble suspendu avec ses longs plans, ses couleurs ternes et ses dialogues d’un autre temps. Mais on pourra trouver l’ensemble trop lent et trop appuyé pour emporter l’adhésion. Heureusement, le film est porté par des acteurs tous excellents avec de grands noms pour, au moins, six rôles, ce qui est peu courant. De fait, il parvient à dégager une véritable force dramatique. On regrettera que la résolution du mystère, qu’on voit rapidement venir, manque de réel mystère et surtout que le réalisateur n’ait pas pris, par moments, la décision de proposer quelques scènes effrayantes pour contrebalancer son récit dramatique.
Formellement, le film est plutôt réussi mais il semble illustrer un propos simpliste parsemé de symboles trop voyants. Entre le personnage aveugle qui finit par voir clair, le fou qui accouche inconsciemment de la vérité et le sage rongé par le désir, M. Night Shyamalan ne semble pas toujours maîtriser les enjeux de son récit qui paraît trop souvent boursoufflé et artificiel. Davantage d'humilité aurait certainement accouché d'un film moins racoleur.