Le Village est un film inclassable et donc difficilement saisissable. Entre film d’anticipation, film de complot, film d’horreur, d’amour etc. le film se cherche sans vraiment se trouver et sans vraiment, et c’est là une qualité, se figer dans une catégorie fermée qui empêcherait son épanouissement scénaristique. On peut donc reconnaître cette qualité au film ; son intrigue a le mérite d’être très originale, recherchée et intéressante, même si les plus avertis et observateurs auront anticipé la fin avant même que celle-ci s’expose clairement au spectateur dans un twist dont beaucoup ne se remette pas encore… On peut aussi lui reconnaître son immense qualité d’image, celle d’un Roger Deakins et de sa photographie osée et compliquée, superbement maîtrisée, jouant avec talent sur les couleurs et éclairages. On peut enfin saluer le mariage esthétiquement réussi entre cette photographie léchée et la bande originale superbe de James Newton Howard qui délivre de nombreuses ambiances dont l’articulation, quoiqu' originale, comme dit précédemment, reste insaisissable et donc frustrante. La première partie est fastidieuse ; on se demande vraiment où veut en venir le film, quel est l’intérêt d’une telle intrigue. Et même la révélation finale explicitée, on se demande toujours son but réel, son sens, son utilité. Nous invite-t-elle à la réflexion ? Si oui, on ne le pourra pas car, oscillant entre gravité et naïveté quasi ridicule, le film peine à trouver son ton, malgré un casting éclectique de choix, dont on se remémorera surtout la performance de la rousse Bryce Dallas Howard, LA révélation du film.
On peut donc mesurer sa déception et son absence de frisson face à ce film inégal et au final pas très pertinent. Ou bien se laisser aller à cette originalité rafraîchissante et gratuite, amenant des relents de questionnement sociétaux…