Un film du début des années 50 qui était joué à la cinémathèque : pas trop dans mes habitudes, mais il faut bien se renouveler de temps à autres et le reste de la programmation locale ne me tentait guère. Ça faisait un sacré bail que je n'avais pas vu un film de cette époque là et j'ai du coup été frappé par l'anachronisme - dans la forme - du truc, des décors en intérieur (très peu de scènes d'extérieur) et des costumes (personnages toujours tirés à quatre épingles, même lorsqu'ils préparent leur petit déjeuner). Ça aurait pu en fait être du théâtre, puisque tout ou presque est dans les dialogues et la tension qu'ils instaurent. Pas un gros budget, en outre, puisque tourné sur place, à Hollywood et à Beverley Hills. A moins que le cachet de Bogart n'en ait consommé une large portion...Ça se passe en outre dans le milieu du cinéma et c'est du coup pas trop compliqué pour mettre en place le tournage.
Je ricane, je ricane, mais il faut admettre que le scénario est très réussi et que, par conséquent, c'est un bon film. Bogart est magistral en homme énergique et charmeur, mais tourmenté et en proie à des accès soudains de violence lorsqu'il est contrarié (d'où le titre français, qui n'a pas forcément très bien vieilli). Sa partenaire, évidemment genrée comme il se doit à l'époque, tient bien le choc. Et leur histoire d'amour (impossible) finalement assez poignante pour qui parvient à s'abstraire du côté un peu théâtral et hollywoodien (voir ci-dessus) des scènes. La galerie des personnages secondaires (flics, femme de ménage, agent, producteur) est assez réussie et comporte probablement une part de dérision vis à vis des mœurs hollywoodiennes. Qui m'aura toutefois, je le crains un peu échappé. L'aspect policier du film est en définitive assez mineur, simplement là pour servir l'intensité dramatique de la situation. Voilà, un classique en quelque sorte, mais que je classerais plus volontiers en comédie dramatique qu'en thriller.