Le Violent (In A Lonely place) c’est le portrait d’un homme caractérisé par des accès de colères autodestructeurs. Nicholas Ray nous raconte donc l’histoire d’un scénariste à Hollywood du nom de Dixon Steele (Humphrey Bogart). Celui-ci invite une jeune femme à lui résumer un livre dont il doit faire l’adaptation. Le lendemain, un ancien frère d’arme devenu flic, lui apprend la mort de celle-ci et l’emmène pour interrogatoire. Pour appuyer son histoire, il fait appel à sa nouvelle voisine Laurel (Gloria Grahame). Rapidement une idylle se noue entre eux mais Laurel commence à douter de l'innocence de Dix à cause de son caractère colérique et de l’enquête policière.
L’enquête policière n’est donc ici qu’un catalyseur. Nicolas Ray ne s’intéresse pas tant à disposer des indices et à nous expliquer qui, comment et pourquoi qu’à utiliser cet évènement pour troubler notre vision (et celle de Laurel) de Dix. Tantôt tendre, doux et lumineux lorsque le couple est seul au monde dans l’appartement ou dans cette très belle scène du piano-bar, tantôt sombre, dangereux, à la limite de la folie lors de la reconstitution du meurtre ou lorsqu’il est à deux doigts de fracasser le crâne d’un automobiliste. Cette dualité du personnage ne cesse de maintenir la tension du spectateur jusqu’à ces 10 dernières minutes paroxystiques.
Cette dualité est renforcé par un gros travail de lumière notamment sur le visage d’un Bogart au sommet de son art.