Ce film est considéré comme le premier western avec un scénario ; ceux de Edison comme Cripple Creek Bar Room Scene (1898), ou Poker at Dawson City (1899) ne durant pas plus de 2 minutes et ne possédant qu’un embryon de scénario.
Ce film de 12 minutes est exceptionnel pour l’époque du fait de sa complexité narrative : plus de douze séquences se succèdent, se combinant en trois actions parallèles :
- L’histoire des bandits
- La fille du chef de gare qui le trouve ligoté, le libère
- Les rangers qui font la fête
Ce montage parallèle encore maladroit (les actions s’enchainent en décalé) est néanmoins révolutionnaire : ‘’traditionnellement’’ les séquences s’enchaînaient dans l’ordre logique, en respectant l’unité d’action.
Il est aussi innovant par l’utilisation de mannequins pour les scènes de combats et sa version colorisée à la main (explosions, robes de bal…)
Si son statut de western est parfois controversé, il possède de nombreux codes du genre : colts, chapeaux de cowboy, chevaux, attaques de train à la Jessy James, combat à mains nues, morts et… morale sauve à la fin. La scène la plus représentative est peut-être l’assaut du train depuis le réservoir d’eau, reprise dans de nombreux films postérieurs (je pense par exemple à La Horde sauvage, ironiquement). Mais la scène la plus forte, à l’époque, et encore aujourd’hui est sans conteste le premier voyage derrière le 4ème mur au cinéma, effectué par le chef des bandits, qui braque son six-coups sur le spectateur. Effet garanti ! Cette scène sera reprise plus tard par Scorsese dans Les Affranchis ou Ridley Scott dans American gangster. La séquence, placée au début ou à la fin selon l’exploitant, crée un lien très fort avec le spectateur qui se retrouve dans la ligne de tir.
Ce film premier est donc extrêmement sophistiqué pour l’époque et encore très moderne aujourd’hui, sans ennui aucun. A voir !