J'ai beaucoup aimé cette manière dont ce qu'on pourrait voir comme un banal vol de bicyclette se transforme en tragédie pour un homme et sa famille qui projettent initialement, dans cet outil de travail, un avenir plus radieux et généreux.
Malheureusement pour eux un événement banal va transformer ces espoirs en une brutale chute vers un réel injuste. Le film réussit très bien, selon moi, à ficeler un récit d'abord enjoué, joyeux et beau pour ensuite se transformer en une succession de désillusions et d'injustices rageantes pour ce père et pour le spectateur. Son enfant, Bruno, est malheureusement une victime collatéral à certains moment de ce que vit son père. Je pense au moment ou il le gifle. Cet homme tente le tout pour le tout afin de faire justice et part à la recherche du voleur .
Malgré les délusions que subissent ses personnages, Vittorio De Sica nous offre une scène géniale dans au restaurant entre le père et son fils. En plein tourments liés à la disparation de la bicyclette et fatigués de chercher désespérément, ils s'offrent un bon repas. Le père annonce à son fils, dans un dernier élan plein d'espérance que "tout s'arrange, sauf la mort". Magnifique. Attablés à proximité d'une famille riche, qui renvoie ce père et son fils à leur condition de prolétaire.
Outre le récit et la manière de nous raconter cette histoire, la mise en scène et le cadrage sont réussis. Je pense au plan final, l’homme qui retrouve sa condition initiale. il est noyé dans une foule, de dos et de nouveau anonymisé. C'est un retour à la case départ. Ce père de famille pensait s'en sortir, mais non. Son rêve s'est évaporé au même moment que sa bicyclette a disparu, la voyante précédemment sollicitée n'aura rien pu faire pour lui. Le réel a prit le dessus...