Vous cherchez le film avec tout plein d'animaux exotiques et un docteur un brin excentrique ? Je crois que vous frappez à la bonne porte. Attendez, vous cherchez la bonne comédie grand public avec de la magie, de la poésie et tutti quanti ? Non en fait désolé, vous vous êtes trompés. Circulez, y'a rien à voir...À moins que vous aimiez vous martyriser la rétine, et voir des acteurs se flageller en public. Oui ? Non ?
À l'origine, le projet réunissait l'acteur Robert Downey Jr tout juste libéré de ses obligations chez Disney, et le réalisateur Stephen Gaghan...Oui, oui le scénariste derrière Traffic et Syriana. Étrange? Oui mais comme les réalisateurs de comédies ont aujourd'hui leurs entrées aux Oscars, pourquoi ne pas imaginer d'autres faire le chemin inverse ? Logique imparable.
Sauf que dans les faits, le reboot du Dr Dolittle a subi ce qu'on appelle chez les proctologues une déchirure. Les projections tests ayant résulté à une galerie de mines déconfites et de nez bouchés, Stephen Gaghan s'est donc fait remplacer par Jonathan Liebesman, merci à lui...Euh, le réalisateur de World Invasion: Battle Los Angeles et Ninja Turtles ? Alors non merci à lui. Mais en fait, personne ne m'a demandé mon avis donc ce sera lui et personne d'autre. Jonathan Liebesman donc a été chargé de panser les plaies et si possible éviter au film de devenir une station d'épuration en 24 images/seconde.
Pour être honnête, difficile de se prononcer sur ce qui tient du montage original ou non dans la version disponible en salles. Dans tous les cas, sachez que Le Voyage du Dr Dolittle est la première catastrophe industrielle certifiée de 2020.
- L'histoire est écrite au pied de biche (caractérisation grotesque, intrigue d'une bêtise abyssale)
- Le montage effectué à la truelle (ellipses abracadabrantes)
- Les effets spéciaux finis à la barbare. Mis à part une créature arrivant à la fin plutôt réussie, c'est tout bonnement atroce. Les incrustations sont majoritairement à pleurer et même le rendu sur les nombreuses bestioles est inégal.
Devant une tournure pareille, seul un acteur de la trempe de Robert Downey Jr pouvait tenir la baraque (combien de films Marvel ont évité le gadin grâce à lui ?). Peine perdue, le comédien contribue à sa démolition, en livrant sa performance la plus embarrassante depuis...depuis...bah depuis. Complètement hors-sujet et caricatural, Downey Jr achève de faire de ce Voyage du Dr Dolittle un aller simple vers une dimension parallèle où film pour enfants rime avec film pour esprits défaillants.
En tout et pour tout, je n'ai souri qu'à deux ou trois moments. Le reste du temps, j'avais l'impression de regarder un sketch de Michel Leeb sous bromure. Heureusement que le film ne dure qu'une heure quarante, vingt minutes de plus et c'était l'atrophie cérébrale. Franchement, je ne sauverai que l'introduction en animation (très belle) et Antonio Banderas qui tire son épingle du jeu, ce qui relève de la performance olympique.