A la frontière poreuse du réel et du fantasme se pétrifie le regard. D’une caméra assassine, Powell capte la face ultime de la scotophilie.
Chaque être humain a naturellement une pulsion scopique qui si elle est poussée à un certain degré, Elle devient pathologique et s’appelle la «scoptophilie» et comme dans le film, fait de certaines personnes des voyeurs.
Étymologiquement c’est donc le plaisir de regarder. L’image dépasse la représentation et ;Mark Lewis dans le film est à la recherche de l’image. d’une représentation vraisemblable de la peur et de la mort ; il poursuit les travaux entrepris par son père en voulant saisir l’expression de la peur avec sa caméra. Il espère ainsi capter l’expression de l’effroi le plus pur et ultime en imprimant sur la pellicule une expression de peur totale, il veut saisir un moment de vérité. La scène d'ouverture elle est assez extraordinaire cette ouverture. Quand on pense que ce film superbe (la mise en scène , la lumière, les couleurs les surprenants cadrages et mouvements de caméra, angles de prises de vues ) a été jugé scandaleux par sa morbidité et sa thématique sexuelle ( la caméra est une prothèse phallique et une arme pour filmer la peur dans une relation sadomasochiste ) Powell fut surpris de l'hostilité suscitée par son film jugé dérangeant Le film a été retiré de l'affiche après quelques avant-premières. Sa distribution aux Etats-Unis limitée à quelques salles dans une version tronquée en noir et blanc ! Il contient de par son thème, une intéressante réflexion sur la fabrication des images et leur utilisation , tout en illusion, faux semblants , c’est une réflexion sur le regard qui implique le spectateur. J’ai lu que Michael Powell en quelque sorte avait inventé le snuff-movie. Dans ce film il creuse la face sombre du cinéma , que ce qui est haineusement pointé du doigt par les censeurs et, peut aussi être beau, même quand il se confronte à ce que l'humanité a de plus noir et de terrifiant (la violence, le malaise, les pulsions les plus morbides, les visions les plus traumatiques font bien partie du cinéma)