La vie de Lee Miller et ses expériences comme photographe de guerre pendant la seconde guerre mondiale, racontées comme un flashback lors d'une interview dans les années 70.
Bon, je ne connaissais pas Lee Miller avant le (formidable) film Civil War de 2023, où le personnage principal, une femme photographe de guerre, est inspiré notamment de Lee Miller. Ensuite, je suis tombé sur une exposition de ses photos de la libération de Saint-Malo, où j'ai été frappé... bah, par les photos, évidemment, mais surtout par les deux pages d'articles de Vogue où elle raconte cette libération. Un style direct qui nous plonge dans la folie de ces moments, avec des rencontres et des évènements racontés sans fard. J'ai acheté le livre de l'expo, qui contient le texte complet et non-censuré de ces articles, en français hélas.
Je m'attendais à retrouver cette force d'évocation dans le film consacré à Lee Miller. Et non. Ce n'est pas un film, c'est un biopic, et ça en a tous les défauts : ça part dans tous les sens, et ça ne raconte rien. Comme une vie, quoi. Oubliés les anecdotes sur la guerre (sauf *). Oublié, Saint-Malo, qui est traité en littéralement deux minutes. On reste un poil plus longtemps dans les camps et l'appartement de Hitler, mais pas tellement pour parler de la guerre (sauf de * et de l'holocauste). D'ailleurs, les deux épilogues partent sur complétement autre chose, venus de nulle part (dont *).
D'un point de vue formel, c'est également très pauvre. Ce n'est pas moche, loin de là, mais sans intérêt non plus. Aucune réflexion ou proposition sur l'image. Quasiment un tiers du film passe en gros plans sur le visage de Kate Winslet. La comparaison avec Civil War n'est pas flatteuse.
Sont également absents du film son stress post traumatique et ses efforts pour en guérir. C'est quand même dingue que j'ai été plus ému en lisant trois paragraphes de bio dans l'expo de Saint-Malo qu'en deux heures de film.
Ah, et tous les (*) : le film recontextualise la seconde guerre mondiale pour en faire un combat féministe. Alors, autant je suis pro-féministe et anti-viol, autant ça m'a paru légèrement hors sujet. Oui, elle a du batailler pour aller sur le front, et c'est important d'en parler. Mais allez voir le film (ou pas, plutôt), il va bien au-delà de ça. Et surtout, il ne traite presque pas tout le reste.
Bilan : non. Où alors pour y emmener votre cousin qui ne croit pas à la shoah ou votre oncle violeur.