Il s'agit d'un petit polar franco-belge, entièrement tourné en région Nord-Pas de Calais (hormis quelques incursions dans le plat pays), dans lequel un citoyen lambda se retrouve embarqué dans des affaires louches qui le dépassent, suite à la disparition soudaine de son propre père.
Cette trame de film noir usée jusqu'à la corde illustre bien le manque d'originalité de "Légitime défense", premier long-métrage (et à ce jour le dernier) du réalisateur Pierre Lacan. En effet, la plupart des personnages sont des clichés ambulants, les situations fleurent souvent le déjà-vu, et le programme attendu est respecté scrupuleusement, à deux-trois exceptions près.
Néanmoins, ce qui sauve ce polar ch'ti du ratage complet, c'est son humilité, et son souci de sobriété.
En effet, le film assume ses prétentions modestes, et va à l'essentiel, s'appuyant sur un format court (1H20), qui permet d'éviter l'ennui.
Si bien que je n'ai pas passé un mauvais moment à suivre l'enquête de cet anti-héros à la recherche de son père (dont les multiples zones d'ombres se dévoilent au fil du récit), tout en s'efforçant de protéger sa propre descendance.
Les seconds rôles apportent chacun leur petite plus-value, à commencer par Claude Brasseur, impeccable en vieil associé mis sur la touche, ami des bêtes et de sa bouteille de Jack Daniels.
Olivier Gourmet compose un méchant assez flippant, Gilles Cohen incarne un flic ambigu, et Marie Kremer tente de donner un peu de corps à sa brève apparition dans la peau d'une paumée au grand cœur...
On regrettera en revanche le manque de rebondissement significatif au cours de l'enquête, les invraisemblances qui se multiplient à mesure que le film avance, et la tentative avortée du réalisateur de structurer le récit en flashforwards, qui n'apportent pas grand chose.
Au final, "Légitime défense" s'apparente donc à un honnête téléfilm, pas désagréable mais vite vu et vite oublié.