A peine digérée la pure adrénaline de La loi de Téhéran, le nouveau film de Saeed Roustayi; Leila et ses frères, montre la capacité de renouvellement de son réalisateur, dans un registre cette fois plus habituel du cinéma iranien. C'est aussi un film d'action, en définitive, avec des coups de théâtre à foison, mais soutenu principalement par ses dialogues, épais comme un jour de brouillard à Téhéran, à la densité affolante mais jamais lassante. Tout ceci, bisbilles comprises, se passe en famille, avec des injures qui volent bas et des camps qui s'affrontent ad libitum. Cela pourrait être pesant mais le cinéaste est un malin qui sait relancer l'intérêt à tout moment et parfois quitter l'intimisme pur pour des scènes grandioses (le mariage). Sur fond de crise économique, de hausse effrénée du coût de l'or indexé au dollar (sic) et de chômage endémique, Roustayi trace un drôle de portrait de l'Iran et de la violence des affrontements dans la sphère privée. Avec virtuosité, le film réussit à parfaitement à caractériser chacun des membres de cette famille déréglée, à commencer par Leila, femme forte face à des frères qui brillent surtout pour leur mollesse et leurs maladresses. L'interprétation des différents comédiens, sans doute formés au théâtre, est plus que parfaite et confère au film une douloureuse authenticité et acuité.