Le film épouse la forme d'une longue fresque familiale.
Il faut attendre plusieurs minutes avant de voir se dégager les personnages qui animeront le récit, et également de comprendre les liens qui les unissent.
Ils sont au nombre de sept : un père, quatre fils, une mère, une fille. Tous ont une histoire travaillée, qui ne seront pas nécessairement exploitées dans le récit mais qui lui apportent une profondeur et une authenticité forte. L'histoire d'amour raté d'Alireza ou les frustrations enfouies de Leila en sont des exemples et sont bien antérieures au récit proposé au spectateur.
Les enjeux du récit sont subtils et complexes et vont rythmer le film et offrir plusieurs scènes déchirantes. Sur le fond de cette chronique familiale, la modernité est opposée aux traditions, l'émancipation féminine se heurte au paternalisme archaïque, sans aucun jugement de valeur anachronique. Le film respecte son héritage. Il est aussi déchirant de voir la bienveillance et l'intelligence de Leila se heurter au rejet de son entourage que de voir la figure du père bafouée par les velléités de ses enfants.
Leila convainc en effet ses frères d'acheter une boutique dans un centre commercial en pleine expansion, mais ils doivent tout sacrifier pour parvenir à réunir la somme demandée. Pire, cela ne suffit pas mais la découverte de pièces d'or appartenant au père leur offre l'espoir d'une vie meilleure. Cet espoir d'une vie meilleure se heurte à l'espoir du père de sauver sa vie ratée puisqu'il va être nommé parrain de la famille, respecté par tous ses proches, mais cela vient avec la responsabilité d'offrir le plus généreux cadeau au prochain mariage et donc d'utiliser ces mêmes pièces d'or. D'où sans doute la plus incroyable scène du film, celle du mariage. Tout y est concentré, tout s'entrechoque et les émotions déferlent à une vitesse phénoménale. Elle est le meilleur porte-drapeau du film et il serait mesquin de la détailler davantage. Il convient plutôt de recommander le visionnage de ce film avec le même engouement que cette seule scène.
Chaque personnage de la famille reste dans l'esprit du spectateur longtemps après la fin du visionnage. Les enjeux semblent si simples sur le papier qu'on est presque incrédule d'avoir été emportés aussi loin. Même si le film s'éternise légèrement sur ses vingt dernières minutes et commet quelques maladresses qui érodent son objectivité et sa subtilité - était-ce nécessaire de développer autant l'arc scénaristique de la fraude de Manouchehr ou encore de prendre autant parti entre le père et la fille ? - on ressent principalement une grande mélancolie au moment de quitter cette famille.