Quelle richesse ! On a un film quasi naturaliste, mais qui se permet des incursions partout, tant dans le comique et la satire que le drame, et tout est fait avec une justesse incroyable, ça n'en fait jamais trop, c'est toujours vrai. Leila et ses frères parvient à dresser une toile qui parle de tout, de l'incapacité (ou l'impossibilité) à faire les bons choix, de la tradition, de l'argent, des apparences, de la famille, de la difficulté à s'extirper de sa condition sociale, de féminisme mais qui atteint son paroxysme dans les petites choses - dans Leila qui recadre son père jusqu'à porter la main sur lui, dans les brefs regards d'Alirezah sur sa voisine, dans l'expression faciale du père à la fête de mariage, ou dans le magnifique contraste de la scène finale. C'est dans ces quelques îlots, curieusement des moments de silence dans un film sinon extrêmement bavard, que Saeed Roustaee parvient à transmettre quelque chose et à faire du grand cinéma.