Saeed Roustaee fait un sacré virage entre La loi de Téhéran et Leila et ses frères, même si les deux films portent cette vision commune pessimiste d'un Iran sans perspective d'avenir, condamné au surplace. Leila et ses frères relate les galères d'une fratrie qui essaie de s'en sortir malgré le poids des traditions, une économie moribonde et un père omniprésent, qui fait passer avant eux et avec obséquiosité une famille qui le méprise.
Le réalisateur appuie où ça fait mal, de là sera passé aucune victoire, aucun soulagement, laissant un goût amer et désabusé à l'issue de 2h40 de turpitudes, mensonges et petites trahisons familiales. Son film est un regard féroce sur la déchéance économique, sociale et morale d’un pays qui sombre.
Quant à la réalisation, si le genre ne permet pas les effets spectaculaires de La loi de Téhéran, le film possède la même qualité technique. Les compositions les angles de caméra et même les prises de vue sont très travaillées, et on a toujours une attention particulière aux ambiances lumineuses des scènes : lumière crue et froide des intérieurs pauvres et des services publics, lumière blanche des extérieurs et enfin lumière chatoyante et chaleureuse des lieux de la branche aisée de la famille. On retrouve comme dans son précédent film, la capacité de Saeed Roustaee à mélanger action et intime, dans une mise en scène fluide et dynamique. C’est justement cette fluidité de ton, ces aller-retours naturels d’un personnage à l’autre, de l’intense au plus modéré, qui permet au film de traiter correctement le destin cette fratrie de cinq et leurs deux parents sans que l’on sente passer le temps.
J’ai été vraiment touché par l'interprétation puissante du groupe d'acteurs, en particulier le trio formé par le père, Leïla et Alireza. Ils interprètent avec brio cette famille qui se déchire entre paroles cruelles et alliance éphémères. Et qui malgré tout, cherchent sans relâche des solutions.