Je n'attendais rien de ce film. Faisant partie des rares personnes ayant apprécié les deux premières adaptations des 4 Fantastiques, comme un honnête divertissement qui fait le boulot sans plus, je ne voyais pas bien l'intérêt de rebooter la franchise (d'ailleurs, de manière générale, les reboots sont rarement intéressants). La bande annonce, très sérieuse et sombre, m'avait d'ailleurs encore plus refroidi. Mais finalement, au moment de la sortie, après la déception Ant-Man (je sais, certains l'ont apprécié mais perso, je m'attendais à une vraie bonne comédie, à un film bien plus original que ce qu'il est) et les polémiques stupides sur la couleur de peau de Johnny Storm ou sur l'age des personnages, je me suis laissé tenté.
Et les 20 premières minutes ont réussi à me donner le sourire et à me laisser prendre au piège. En effet, le scenario se focalise sur l'enfance et l'adolescence de Red Richards, sa rencontre avec Ben Grim, ses premiers pas de scientifique, etc. Les acteurs sont très sympathiques donc jusqu'ici tout va bien. Et l'idée de montrer les 4 fantastiques tout jeunots prend un certain sens, tout autant d'ailleurs de faire de Susan Storm la fille adoptive kosovarde de Franklin Storm, père de Johnny (qui est donc noir comme son père dans ce film).
L'arrivée du personnage de Victor Von Doom suscite encore plus d'intérêt car, si on sait déjà ce qu'il deviendra, on découvre un jeune homme solitaire mais attachant, drôle et rebelle, très différent de ce qu'on avait pu voir dans les précédents films.
Surtout il contribue à une des thématiques principales du film, à savoir une critique plutôt sévère des organisations gouvernementales Etats-Uniennes, de leur culture du secret et du mensonge ainsi que de leur manière d'utiliser la science à des fins militaires.
Seulement, alors que la réalisation avait su nous plonger dans un univers réaliste et presque crédible, tout bascule au moment où les personnages acquièrent leurs pouvoirs.
C'est comme si on passait de "Rencontres du 3e type" à "Roger Rabbit". Les effets spéciaux nous plongent d'un coup dans l'irréel, dans une esthétique habituelle du film de super-héros et donc cela crée un décalage qui rend le film ridicule.
On se demande presque si le réalisateur n'a pas été viré en plein tournage pour céder la place à un animateur de chez Pixar venu rajouter la dose d'images de synthèse nécessaire à tout blockbuster. Mais surtout le scenario et la réalisation semblent être laissés à l'abandon, comme si en fait l'histoire intéressante était finie et il ne restait plus qu'à finir le film au plus vite de la manière la plus attendue et la plus décevante possible.
Tout se passe donc comme on s'y attend, avec des effets spéciaux kitsch au possible (à croire que le budget n'a pas suivi, aucun progrès depuis les précédentes versions) et des répliques limite gênantes dans un combat final totalement bâclé. L'esprit d'équipe, censé être la substantifique moelle de ces super-héros, est abordé de manière ultra superficiel.
Le plus dramatique c'est que le film se termine de manière à ouvrir sur une ou plusieurs suites qui, vu le résultat du premier, risquent de ne jamais voir le jour (et c'est peut être mieux ainsi).
Josh Trank avait déjà foiré la fin de "Chronicle", il prouve avec "Les Fant4stiques" qu'il n'est apparement pas le réalisateur surdoué que certains avaient vu en lui (même si on peut mettre une grande partie de la responsabilité de l'échec de ce film sur le studio, il faut se rendre à l'évidence, l'action c'est pas son truc). Dommage pour les acteurs qui se sont bien impliqués et qui ont du, eux même être déprimés en voyant le résultat.
C'est rare d'arriver à être déçu d'un film dont on n'attend rien. "Les 4 Fantastiques" a réussi cet exploit. Je mets quand même presque la moyenne car la première moitié du film, bien qu'un peu molle, est plutôt réussie.