Le meilleur du petit maître
Souvent considéré comme un des meilleurs films de Joseph Kuo, 7 Grand Master est assez révélateur des forces et faiblesses du réalisateur Taiwanais.
Kuo n'est pas quelqu'un d'innovant. Ses histoires sont généralement linéaires et inspirées d'autres longs métrages, quand à la mise en scène, le classicisme le plus prévisible règne en maître. Évidemment, productions Taiwanaise indépendantes oblige, les budgets sont souvent faibles, limitant l'ambition des reconstitutions d'époque. Mais le réalisateur de Born Invincible est quelqu'un d'honnête, qui ne triche pas sur la marchandise. Même si il œuvre dans l'exploitation, il cherche toujours à livrer un spectacle de qualité, riche en action et en divertissement. Et surtout, peut être conscient de ses propres limites, il s'entoure d'authentiques talents du métier.
7GM, c'est tout ça à la fois : Un film de Kung Fu Old school artisanal, sans d'autre ambition que de proposer un honnête spectacle mais qui y parvient avec un certain talent.
Comme on pouvait s'y attendre l'intrigue est minimale. Se basant de manière très lâche sur l'héritage du personnage de Pak Mei, elle sert avant tout à faire le lien entre les (très nombreuses) scènes de combat. Mais autour de sa trame linéaire, Kuo parvient quand même à donner vie à ses personnages, surtout ceux du maître et du dernier élève. Évidemment, il y a aussi des manques (on pense aux sept maîtres, juste là pour se battre) mais c'est exactement ce qui sépare Kuo, à la fois des meilleurs (Lau Kar Leung par exemple) et des tacherons (qui n'aurait même pas été capable de faire ce développement minimum).
Sa mise en scène est à l'avenant. Pas de prouesse de réalisation mais une belle mise en valeur des extérieurs Taiwanais et des combattants (excellente composition des plans pour l'introduction du combat final). Du solide.
Mais ce qui fait la véritable réussite de 7 Grand Master, ce sont bien sur ces combats. On ne peut que féliciter Kuo pour son flair en confiant les chorégraphies à Corey Yuen et Yuen Cheung Yan. Un duo conciliant (les deux hommes n'ont pas d'égo surdimensionnés qui auraient empêché leur collaboration) et surtout très talentueux ! Les deux hommes disposent d'un casting martial (majoritairement Taiwanais) de haut niveau qui leur permet de composer des chorégraphies exigeantes et techniques. Dans la grande tradition du old school, les techniques employés sont des formes « opéraisés » de Kung Fu traditionnels, de la technique du singe à celle de la mante religieuse en passant par une magnifique démonstration d'armes effectuée par Corey en personne. De manière générale, l'accent est mis sur les acrobaties et les clés pour un résultat superbe. Les combats son nombreux et leur intensité ainsi que leur complexité va crescendo tout au long du film. Du travail de haut niveau ! La réalisation n'est pas du niveau virtuose des chorégraphies mais elle suffit à mettre en valeur les coups et le montage est sérieux (on est loin d'un Samo mais il n'y a pas les irritants faux raccords de World Of Drunken Master).
7 Grand Master manque d'ambition et d'une véritable thématique pour prétendre à être considéré comme un chef d'oeuvre du genre. Mais dans son registre précis, le Kung fu d'exploitation old school, il fait partie des meilleurs et est l'assurance d'un spectacle réussi !