Alberto Lattuada ouvre le film par un long plan de Catherine Spaak dans son lit de jeune fille, cherchant le sommeil, sensuelle et ravissante. Elle est l'héroïne d'un film où le cinéaste évoque, précisément, la grâce et le mystère de l'adolescence -et peut-être est-ce ce mystère qui compose la grâce des jeunes filles.
Le cinéaste contracte en une journée les dispositions affectives de Francesca, illustrées par ses conversations avec d'autres collégiennes ou par ses regards, évocateurs de rêveries romantiques ou d'émois sensuels. Au terme de cette journée de déambulations, faites de rencontres qui sont comme des expériences, Francesca sera peut-être devenue une femme.
Les dernières scènes entre la jeune fille et Enrico, un architecte de 38 ans, lucide ami de la famille, me semblent les plus justes et les plus sensibles, où l'adolescente mesure la distance qui sépare l'amour physique de l'absolu amoureux diffus qu'elle imagine.
La délicatesse et la connaissance de l'auteur lui permet, à travers Francesca, et en dépit d'un scénario un peu faible et de moeurs aujourd'hui obsolètes, de toucher à l'universalité de l'adolescence s'éveillant aux choses de l'amour.
Mais son étude aurait pu paraitre un peu austère sans la remarquable composition de la rayonnante Catherine Spaak -fort bien dirigée au demeurant par le réalisateur- toute en expressions charmantes et sachant témoigner du trouble indicible de son personnage avec une étonnante précision.