J’ai revu Les affranchis pour Scorsese bien-sûr (c’est pas pour rien que j’ai un de ses films dans mon Top 10) mais je ne le reverrai sans doute pas. J’ai également lu quelques critiques pour vérifier quelques points. Résultat, je suis quelque peu réticent sur ce film pourtant loué par ailleurs.
La mise en scène est irréprochable, Scorsese connaît son affaire et il évoque un milieu qu’il connaît comme sa poche. Les personnages sont marquants, surtout celui de Joe Pesci, montré comme une brute sans foi ni loi, absolument incontrôlable. D’ailleurs, il finira comme il a vécu…
Le film montre l’itinéraire d’un fils d’immigrés italien vivant à New York et embauché très jeune par la Mafia, car, comme il le dit en voix off dès le début « Du plus loin que je me rappelle, j’ai toujours voulu être un gangster ». C’est une histoire vraie racontée par ce repenti qui a fini par « donner » tout son clan à la police pour échapper à l’exécution par les siens. Ce faisant, il a brisé la loi basique constituant à ne jamais parler devant la police. Mais lui échappe aux poursuites, finissant contre sa volonté suprême en banlieusard se préparant à cette vie monotone et sans faste qu’il déteste…
J’ai quand même vu ce film 3 fois. Je ne me suis toujours pas vraiment intéressé à cette histoire de gangsters. Faut croire que ça ne me fait pas rêver… Scorsese ne s’intéresse quasiment qu’aux relations entre les membres du clan. Leurs affaires qui rapportent ne sont jamais détaillées. Le rôle de la police est quasiment absent du film. Par contre, on a droit à des explosions de violence qui font froid dans le dos. Les pires sont dues à Joe Pesci (rôle bien plus marquant que celui de Robert de Niro) dont personne dans son entourage ne sait jamais ce qu’il peut faire. Par contre, la hiérarchie dans ce clan mafieux est très bien mise en évidence. La façon dont les femmes sont considérées également (du moment qu’elles sont protégées, elles acceptent cette vie en vase clos). Ce clan est une vraie famille où tout va bien tant qu’on suit les règles. Les femmes, les enfants, les plus faibles sont protégés. Paulie (le laconique…) veille sur le clan.
Là où je suis très méfiant, c’est sur cette violence (et cette morale) qui émaille tout le film. J’aimerais être sûr que tous les admirateurs du film apprécient à sa juste valeur cette dénonciation de la violence bestiale… Sinon, c’est comme pour des films comme « Orange mécanique ». Je crains que celui qui se délecte de cette violence n’y voie que ce qu’il a envie de voir, surtout que la vraie dénonciation n’intervient qu’à la fin. Et encore, le message ultime du narrateur a de quoi conforter dans leur opinion, les inconditionnels de l’univers des gangsters et de la vie luxueuse et facile.