Premier grand projet de la Gainax, qui engendrera par la suite nombre de séries mythiques, Les Ailes d'Honnéamise, réalisé avant Akira, reste un film assez obscur dans le monde de l'animation, sans doute du fait de son succès mitigé au Japon et de sa faible promotion en France sous le label Pathé, sans distribution en salles.
Pourtant, ce film mérite de faire partie des grands noms du genre, tant il subjugue par sa trame fascinante et par le soin apporté à ses moindres détails.
Se déroulant dans un univers parallèle où l'aérospatiale n'est pas le symbole de l'avancée technologique d'états rivaux mais une sous-branche de l'armée considérée avec mépris, Les Ailes d'Honnéamise réussit à se montrer crédible sur tous les points. Son monde nous est familier, mais il n'est pas le notre. Autres états, autres coutumes, autre technologie, autres vêtements... autre religion, aussi. Et après les quelques minutes nécessaires pour s'y habituer, on se laisse porter par ce cadre fascinant. Et c'est là la grande réussite du Studio Gainax, qui nous offre, comme une sorte d'Objectif Lune puissance dix, une quête des Etoiles alternative, étonnante sur le plan technique : le spectateur sera constamment surpris par l'attachement apporté par le studio à rendre crédible la technologie montrée dans le film. Les scènes d'entrainement et de vol, restent, plus de 20 ans après, de grands moments d'animation.
Mais les Ailes d'Honnéamise, c'est avant tout l'histoire d'un homme désabusé et cynique qui va trouver en la foi d'une autre un sens à sa vie. Le personnage de Shiro est savamment construit, ne tombant pas dans le cliché du héros infaillible. Nous suivons sa quête existentielle tout au long des deux heures du film, avec ses doutes et ses nombreuses remises en question. Le reste des personnages est une galerie de "tronches" et de caractères tout aussi agréables à observer.
Visuellement, le film d' Hiroyuki Yamaga est une véritable perle, associant animation soignée, cadrages savants et réalisation de très haut niveau, des divers véhicules et constructions a ces décors variés et baroque. Une véritable prouesse. Pour couronner le tout, c'est Ryūichi Sakamoto (Le Dernier Empereur, Little Buddha, Appleseed) qui s'est chargé des musiques du film. Sans être inoubliables, ses douces compositions sont en parfait accord avec l'univers d'Honnéamise.
Finalement, on ne pourra reprocher à cette œuvre que certaines longueurs et allers-retours plus ou moins inutiles qui brisent légèrement la narration. Il faut dire que deux heures, c'est long. Heureusement, le final s'avère suffisamment grandiose pour laisser le spectateur sur une bonne impression.
Ne passez pas à coté des Ailes d'Honnéamise, elles vous porteront très loin.