" - Comme elle doit souffrir! - Je n'ai jamais vu Madame aussi heureuse au contraire."
Quel film magnifique...
Osan est mariée à un commerçant de vingt ans son ainé, ingrat physiquement comme dans ses actes. Le frère d'Osan, endetté, demande à sa sœur d'obtenir de l'argent de son mari. Avare comme pas deux, il ne donne pas franchement envie de lui demander de l'aide...
Osan se tourne alors vers Mohei, qui travaille pour son mari. Celui-ci, secrètement amoureux de sa maitresse, est prêt à tout pour l'aider, mais s'accuse avant faute auprès de son maitre d'avoir tenté de lui "emprunter" de l'argent.
Suite à un malentendu, l'on vient à croire dans la maison qu'Osan et Mohei sont amants. Chacun prend la fuite de son côté, mais ils se retrouvent au sortir de la maison et resterons ensemble..
Ce film est d'abord et avant tout une formidable histoire d'amour qui fait fondre mon petit cœur de midinette. Au Japon du 18eme siecle, l'adultère d'une femme est puni de crucifixion, valable pour la maitresse et son amant.
Sachant cela, Osan et Mohei ne peuvent quand même pas s'empecher de s'accrocher l'un à l'autre, il y a des scènes qui débordent de passion, d'empressement, de fébrilité. Je ne sais pas pourquoi je m'attendais à un film contemplatif ( non pas que ça m'aurait déplu, c'est carrément mon truc..) mais ce film là ne l'est pas du tout. Les personnages sont définitivement sanguins, et doivent vivre avec leurs élans au sein d'une société rigide et sévère.
Outre l'histoire et les personnages, servis par d'excellents acteurs ( même si Mohei est à des milliers de kilomètres de me paraitre sexy..), la réalisation est parlante et sensuelle.
Lorsque pour la première fois Mohei se retrouve dans le même plan qu'Osan, la caméra ne le laisse plus la quitter, et alors qu'elle devrait sortir du champ puisqu'on filmait Mohei, Mizoguchi la suit et borne son avant plan à Mohei qui suit sa maitresse.
Lorsque les deux personnages, ne s'étant pas même avoué leur amour, se retrouve hors de chez eux, chacun venant d'un endroit différent, en pleine nuit, Mizoguchi fait un plan large qui laisse les deux entrer dans le champ. ils se croisent. En silence. Ils s'arrêtent. Se fixent. Et lorsqu'ils s'adressent la parole, la caméra fond vers eux en un zoom à cadence rapide, les faisant passer à nos yeux d'éloignés l'un de l'autre, à pratiquement collés, matérialisant ainsi leur désir l'un pour l'autre.
Et ce ne sont que deux exemples.
Je ne connaissais pas Mizoguchi, mais il m'a énormément et très agréablement surprise.
J'en redemande.