Troisième film d’Ingrid BERGMAN sous la direction d’Alfred HITCHCOCK, Les Amants du Capricorne est à l’origine un roman de l’écrivaine australienne Helen SIMPSON. L’histoire se situant en 1831 à Sydney, son adaptation suppose un film en costumes, a priori bien loin d’un thriller hitchcockien haletant. Malgré les talents conjugués de plusieurs collaborateurs, le scénario trouve difficilement un dénouement, au point que le cinéaste pressent déjà l’échec de ce projet. Ingrid BERGMAN – alors à l’apogée de sa carrière hollywoodienne – est sans doute la principale raison qui motive HITCHCOCK à réaliser ce long-métrage.
Joseph COTTEN (l’ancien forçat devenu riche propriétaire foncier), Michael WILDING (l’irlandais qui tombe sous le charme d’Henrietta, interprétée par l’actrice suédoise), Margaret LEIGHTON (l’inquiétante gouvernante) et Cecil PARKER (le gouverneur de Sydney) complètent le casting.
Tandis que le tournage a lieu en Angleterre, la construction des décors ajoutée aux salaires de BERGMAN et d’HITCHCOCK font exploser le budget. Mais le cinéaste reste motivé par l’expérimentation d’un film tourné en plans-séquences. La technique va prendre une telle importance qu'Ingrid BERGMAN (se sentant délaissée) va – pour l'unique fois de sa carrière – craquer et pleurer sur un tournage. Alors que finalement, peu de plans-séquences survivront à l'épreuve de la salle de montage…
La sortie en salles est retardée par des retouches et des avant-premières peu concluantes, tandis que les critiques sont sévères. Les Amants du Capricorne devient le plus gros échec commercial du réalisateur malgré certains thèmes qui lui sont propres : la figure du faux coupable, le secret qui lie deux âmes entre elles, l’ascendant psychologique que le motif du poison prolonge et symbolise, la jalousie morbide, un couple qui se libère du poids du passé… En outre, les personnages se déchirent, exerçant entre eux une emprise d’autant plus forte que la passion amoureuse s’en mêle.
Inégal, étrange, le long-métrage est loin du traditionnel thriller hitchcockien mais compte malgré tout de sérieux partisans, notamment en France.