Comme il faut un début à tout, je découvre en 2014 « Les Amants du Pont-Neuf », et avec lui l'univers unique de Leos Carax. Il semblerait également que le film soit plus connu pour ses énormes soucis de productions que pour son montage final, ce qui serait particulièrement injuste si c'est réellement le cas. Car oui, alors que beaucoup nous auraient servi une énième soupe sans personnalité sur la souffrance des SDF au quotidien sans chercher à imposer un quelconque point de vue, voilà que Carax déploie des trésors d'imagination pour nous offrir une expérience rare, transformant un drame misérabiliste en histoire d'amour passionnée et passionnante, complexe sans être chiante, faisant admirablement ressortir ce qu'il peut y avoir de plus beau dans la vie et le cinéma (mais les deux ne sont-ils pas intiment liés?).
C'est une œuvre sensorielle, qu'il est donc difficile de décrire à travers des mots, et évidemment, le cinéaste tente tellement de choses que certaines sont plus convaincantes que d'autres, mais avoir transformé un tel projet en quelque chose d'aussi étonnant, séduisant, ne peut être que l'apanage d'un grand réalisateur, dont l'époustouflante séquence du 14 Juillet est la parfaite illustration. C'est beau, puissant, parfois inoubliable et rend même complémentaire Johan Strauss et Catherine Ringer au fil d'une bande-originale superbement choisie : énorme coup de cœur que ce film au temps suspendu, qui vous donne instantanément envie de vous jeter sur le reste de la filmographie de son auteur. N'hésitez plus.