On imagine le travail de fou qu'il a fallu pour donner naissance au film. Bill Plympton aime l'imperfection et les traits de crayon, et oppose son cinéma d'animation à celui de Pixar. Histoire d'amour et d'électricité, d'auto-tamponneuses, de sentiments passionnés et de machine à pénétrer les âmes, Les amants électriques brille par sa singularité.
Sans aucun dialogue, conjuguant borborygmes et partition originale, le film avance à un rythme endiablé, à l'image de l'étonnante scène d'ouverture. Souvent drôle, profondément cartoonesque, il ne recule devant rien. Si le fond oscille entre convention pure [la femme au foyer, l'homme viril] et folie douce, c'est dans la forme que Les amants électriques brille, tour à tour monochrome ou coloré, le trait travestissant à l'envi formes humaines et décors de l'Amérique profonde, station service, motel, fête foraine.
Si l'ensemble reste très séduisant, il s'en dégage un parfum résolument vieillot qui empêche le film de nous emporter vraiment. Les amants électriques n'en demeure pas moins une alternative salutaire au formatage entendu du cinéma d'animation.