Tatsumi Kumashiro a signé le scénario et la réalisation et il sait y faire, le bougre. Ici, il prend les codes du cinéma pinku intellectuel façon Wakamatsu ou Ôshima et le débarrasse des oripeaux politiques. On y retrouve le nihilisme, l’instinctivité , la vacuité et la dangerosité de ces jeux de presque enfants. Katsu a beau baiser et tout promettre à sa patronne, la fragile Yoshie (Moeko Ezawa), il ne se sent pas pour autant lié et responsable de ses actes qui auront de tragiques conséquences, brillamment désamorcées par un plan de 3 secondes. Le réalisateur montre bien les conséquences de cette cool-attitude de jeunes sans illusion. Et pourtant il sait les rendre attachants par de fines touches : l’entrée dans le café de Yoko (Rie Nakagawa) sur des notes de Beethoven, ses déambulations au bord de mer, son discours d’entrée dans la bande…. idem pour notre primaire héros Katsu (Toru Ohe), vain, malsain mais si attractif. Ici, les viols sur Sachiko interprétée par Chizuyu Azami, une habituée des seconds rôles (Erotic Sisters, Yakuza Goddess of Mercy: Mistress Jingi, Secret Chronicle: Crimson Goddess in Paradise, College Girls: Fake Virgins) ne sont ni esthétisés, ni magnifiés, ils sont brutaux, les corps sont salis. L’usage de caches disproportionnés évite toute complaisance (une sur-censure complice) même si les mouvements de caméra et le montage sont exceptionnels.
Pinku, le film l’assume de manière « naturelle » et relit brillamment le cinéma porno d’auteurs, tout en jouant à saute-mouton.
Ces amants mouillés méritent que les cinéphiles s’intéressent à eux.