Avant le visionnage on a en tête les critiques incendiaires, les notes faibles, les déceptions, les mots "potache", "grossier", "vulgaire".
Au début du visionnage on se dit que tout ceci était justifié. C'est un bordel sombre, inégal (comme tout bordel, me direz-vous). On se demande ce qu'a bien ou foutre un pro comme Almodovar dans un petit film bouffon et caricatural comme celui-ci. Qu'il soit ridicule ce film, c'est une certitude. Et Almodovar s'est toujours amusé à jouer avec la limite, avec ses personnages cartoonesques, ses intrigues barrées. Donc ridicule ne serait pas un argument négatif, encore moins une insulte (peut-être même un compliment, à la rigueur). Chiant par contre serait bien plus agressif ; car avec cette irrégularité de l'intrigue (et même cette absence réelle d'intrigue), cette brochette de personnages mal définis et caricaturaux, cette absence de fil conducteur, le film se fait atroce et sans jamais rire on se morfond d'ennui (avec pour summum l'évasion de l'avion le temps d'inutiles scènes sur terre).
Mais une fois passées les 40 première minutes, les personnages prennent une certaine profondeur, le film, une dimension plus sérieuse (enfin, sérieuse, n’exagérons rien...) : de vulgaires parodies on passe à des personnages plus construits.
On a bien fait de laisser une chance au film, car s'il reste la gêne de ne jamais rire (alors qu'avec une même intrigue différemment traitée, Almodovar aurait pu réussir un joli drame) et le style fade d'Almodovar, l'histoire prend forme et légèreté (loin de la débauche vulgaire, gratuite et gênante de cul, comme pierre angulaire de l'intrigue entière), et l'on se prend à s'attacher alors aux personnages.
Dommage que ce ne soit qu'à la toute fin.