...avec les amours contrariés.

Si je vous dis H.G. Wells, vous me répondez "Guerre des mondes", "hommes invisible", "l'île du docteur Moreau" ou encore "la machine à explorer le temps" et je vous comprends bien. Moi même, je ne savais pas, avant de voir ces amants passionnés, qu'il avait aussi écrit des nouvelles romantiques comme celui qui a inspiré ce film, et sur des bases plutôt autobiographiques qui plus est.

Côté anecdote, c'est un assistant et jusque là ami de David Lean, Ronald Neame qui devait réaliser le projet. Après avoir vu les premiers rushs, David Lean, alors simple producteur, persuade celui qui va devenir son ex-ami que quelqu'un d'autre devrait reprendre en main le tournage. Il modifie le scénario à sa main et se fait du même coup un deuxième ennemi: Eric Ambler, le scénariste original qui rompra à tout jamais les ponts avec Lean suite à cet épisode.

Le film donc.
Je pense que ce qui fait qu'on peut éprouver une certaine réserve devant ce spectacle tient en un simple fait qu'un des parti-pris du scénario (dû aux modifications de Lean, donc) est de changer de personnage principal: l'histoire est racontée sous la point de vue Mary, qui n'est pas, comme le souligne Auréa dans sa propre critique, le bon moteur romantique de l'histoire. effectivement Mary fait des choix qu'elle passe son temps à ne pas assumer et ce n'est ni elle ni son relatif manque de charme qui nous tient en haleine. Au contraire de Steven, encore une fois magnifiquement interprété par Trevor Howard (oui cette fois c'est bien lui, Torp...) dont l'amour fou pour cette blonde n'a de cesse de nous émouvoir, tant il reste digne de son amour de jeunesse, envers et contre tout, et surtout le sujet même de sa passion. Une fidélité paradoxale puisque, ne pouvant finalement pas vivre sa propre vie, cela ne l'empêchera pas de se marier et avoir deux enfants avec une autre femme.

Et puis j'aime beaucoup ces petites scènes qui montrent un regret, un espoir, un doux rêve.

Une mention spéciale, enfin, pour le cocu de l'histoire, un banquier que nous rêverions de détester ou simplement railler mais dont la constance et les sentiments, en fin de compte (expression fort appropriée), l'éloignera de tout manichéisme ou toute caricature.
Une finesse et une force à l'image du style du réalisateur du film.

Alors, bien sûr, on reprochera à Lean la comparaison avec "brève rencontre", sur le terrain de la comédie sentimentale. Trevor Howard, présent dans le film, rend cette comparaison inévitable.
Pourtant, sur un registre semblable mais très différent, cet "amants passionnés" ne mérite sa bien moins bonne réputation.
guyness

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