Malgré son amour fou pour Steven, Mary a choisi le confort et la sécurité en épousant Howard, un homme plus âgé et riche. Quelques années plus tard, elle recroise Steven par hasard, et là elle aura face à elle de nouveaux et difficiles dilemmes...
Septième film pour David Lean qui adapte ici un roman de H.G. Wells mettant en avant un amour semblant disparu qui va renaitre et revivre mais devra faire face à divers obstacles. Il prend le point de vue de Mary, nous fait sentir proche d'elle et met en avant la façon dont elle va vouloir pleinement revivre cet amour de jeunesse. Incertaine et refusant d'abord de faire un choix entre Steven et Howard, elle va peu à peu devoir se confronter à son mari et faire ce qu'elle considère entre le bonheur et le confort.
Ma première surprise fut de constater que ce texte était signé de la main d'un des maitres de la science-fiction, mais surtout qu'il était fort bien adapté. Lean ne s'encombre pas de caricatures et ne fait pas dans l'excès mais vraiment simplement, allant à l'essentiel et faisant ressortir toute la complexité et l'émotion des personnages et enjeux. Ici, pas de mari violent et/ou méchant, ni d'éléments pouvant justifier de façon "cohérente" l'adultère, mais vraiment l'amour, les retrouvailles d'illusions qui semblaient perdues et une femme mal dans sa peau lorsqu'elle se retrouve face à un dilemme cruel. Tout est fait dans la justesse et sobriété et si j'ai trouvé la fin légèrement exagérée, c'est le seul point décevant et il n'empêche aucunement d'adhérer aux partis pris de Lean, surtout que ce dernier évite toute lourdeur et mièvrerie.
Il s'éloigne des mises en scène théâtrales de ses débuts et en signe une superbe, permettant de faire ressortir les émotions et la dimension romantique de son récit tout en sublimant les personnages. Il orchestre son film avec brio, usant d'un montage ingénieux et donnant un rythme adéquat à son oeuvre. Les scènes en extérieur (dans les Alpes près du lac d'Annecy) sont de toute beauté tandis que la justesse se retrouve aussi dans la direction d'acteur de Lean. Claude Rains est parfait dans ce rôle compliqué de bon mari cocu, tandis que Ann Todd, alors la femme de Lean à la ville, est émouvante à souhait et nous attache à son personnage malgré le mal qu'elle peut indirectement faire. Dans un rôle proche de celui de Brève Rencontre, Trevor Howard est toujours impeccable.
Sans atteindre la maestria et l'émotion de Brève Rencontre, Les Amants passionnés est aussi bien écrit qu'il est mis en scène et met en avant un David Lean sobre, élégant et au plus près de ses personnages pour mieux nous faire ressentir leurs sentiments.