Les Âmes vagabondes par Vivian
Je fais partie de ceux qui ont passé leur chemin face à Twilight, ils sont quelques uns. En revanche, j’ai vu par curiosité bon nombre de films de la génération post-Twilight : Hunger Games, Warm Bodies et donc à présent Les Âmes Vagabondes.
Le retour de la reine du Teen Drama au cinéma, Stephenie Meyer, intervient donc 5 ans après le premier volet de la saga qui a fait son succès. On retrouve les éléments caractéristiques du genre, un personnage principal féminin au cœur d’un triangle amoureux dans un univers fantastique, pour dire vite. Sauf que là : subtilité ! Il s’agit d’un “carré amoureux” (nous dit-on), puisqu’un extraterrestre a pris possession du corps de la jeune fille, Mélanie Stryder, membre actif de la résistance face à l’envahisseur invisible, déterminée à tout faire pour protéger ceux qu’elle aime. Mais voilà, cet extraterrestre, Vagabonde (surnomée Gaby), tombe sous le charme d’un autre garçon. Conflit intérieur d’une jeune fille prépubère face à l’amour ? Nous sommes bien devant un teenage movie pour midinette.
Sauf qu’Andrew Niccol est à la réalisation et qu’il est tout à fait capable de transcender l’histoire grâce à une identité visuelle et artistique forte. Rappelons que l’on doit à ce monsieur Time Out — exemple parfait de scénario faiblard qui partait d’une bonne idée et qu’il réussit à un tant soit peu sublimer par ses choix en matière de mise en scène —, Lord of War et surtout Bienvenue à Gattaca. Connu et reconnu pour ses partis pris esthétiques très épurés, Les Âmes… ne dérogent pas à la règle et il faut avouer que sur ce point, c’est plutôt bien réussi. Mais le film ronronne, on se laisse bercer par les évènements et la mise en scène est beaucoup trop paresseuse (au secours les fondus enchaînés à foison !). Ont-ils muselés Niccol ? Ou bien se laisse t-il trop guidé par le livre ? Le travail d’adaptation semble quasi inexistant à l’écran, les évènements se déroulent devant nos yeux de façon programmés. Inlassablement. Tout est cousu de fil blanc. Y compris la fin.
Tout de même un point positif : Saoirse Ronan, excellente dans Hanna, tire son épingle du jeu en interprétant un double-rôle à la hauteur de ses talents d’actrices… Ce qui est loin d’être le cas de Diane Kruger, décevante dans le film, sans doute à cause d’un rôle trop stéréotypé et manichéen. Le reste du casting n’est pas marquant, Max Irons n’a pas hérité des talents de son père Jérémy. Et pauvre Emily Browning qui apparaît à la fin du film, bien triste sort pour elle depuis l’affligeant Sucker Punch.
Si l’intrigue s’inscrit dans un univers qui aurait pu donner un film intéressant par les enjeux qu’une telle invasion extraterrestre soulève, la romance fil rouge de toute l’histoire use le spectateur qui s’ennuie devant la faiblesse des enjeux que le scénario lui propose… De bonnes choses viennent ponctuer le film, dès que l’on se détourne de cette romance (la vie en otarcie de survivants humains dans le désert, les questions concernant la part d’humanité en chacun de nous, une sommaire introduction aux questions métaphysiques qui à au moins le mérite d’être là…) mais elles apparaissent secondaires. En gros, un film parfois malin mais pas très intelligent qui ne s’intéresse au final qu’à l’histoire d’amour compliquée de la jeune héroïne plutôt qu’à l’univers de science-fiction dans lequel cette histoire nous est racontée.