D'après Roger Peyrefitte, Jean Delannoy réalise une estimable chronique de l'adolescence dans le sein très strict d'un collège catholique pour garçons. Dans cette congrégation où est inscrite la progéniture de l'élite sociale, les pères dispensent les cours de vertu religieuse avec une autorité et une sévérité plus ou moins bienveillantes et en s'attachant à prévenir ces amitiés particulières, tendres et ambigües, qui naissent ça et là entre pensionnaires.
Précisément, celle qui rapproche désormais Georges (un ado bien élevé et un peu niais, disons-le) à un "petit" de l'institution est toujours sous la menace d'être découverte.
Leurs rendez-vous clandestins, les billets doux qu'ils s'échangent, n'échapperont sans doute pas à la vigilance de leurs professeurs.
Le mot d'homosexualité -et encore moins de pédophilie, dont l'ombre plane sur le comportement d'un père (Michel Bouquet)- n'est jamais prononcé. L'époque du film ne s'y prête pas, la dialectiques des pères non plus, et sans doute Delannoy préfère-t-il invoquer une tendresse enfantine. De toute façon, ce n'est pas tant, en définitive, la relation candide entre Georges et son camarade qui nous intéresse que le contexte où elle se décline, celui d'un pensionnat dont les rituels et l'enseignement prétendent exercer une totale emprise spirituelle sur les enfants.
Le film n'est pas un réquisitoire contre ce type d'établissement mais Delannoy, catholique lui-même, saura à la fin stigmatiser l'attitude dangereuse de directeurs de conscience intransigeants et bornés.