D'après Honoré d'Urfé, auteur du 17ème siècle qui m'est inconnu, Eric Rohmer raconte une histoire de bergère et de berger gaulois amoureux, Astrée et Céladon. Sur un mode bucolique et romantique, nature champêtre et chants d'oiseaux, Rohmer célèbre la jeunesse et la beauté, la sensualité et les serments amoureux. Ainsi, Céladon, le beau berger au profil grec, est si épris de la pure Astrée qu'il est prêt à respecter jusqu'à la mort l'interdit qu'elle lui adresse dans un moment de jalousie: ne plus jamais paraitre devant elle.
Les "comédies et proverbes" et autres "contes moraux" de Rohmer avaient cette fantaisie et cette ingénuité, feinte ou non, entre autres séductions, qui nous les rendaient attachants. Ici, dans ce film hors du temps et des modes, à la mise en scène et à la réalisation plus minimalistes que jamais -encore que certains plans s'inspirent manifestement de la peinture- la rhétorique rohmérienne à propos de l'amour et de la fidélité passe par des dialogues littéraires ou poétiques auxquels je ne ferai pas le reproche d'être de forme ancienne mais de n'être pas intéressants, si compassés dans leur expression théorique.
"Les amours d'Astrée et Céladon" font un film (très) parlé, où ne percent ni la grâce ni l'émotion, où les personnages et le scénario, épurés à l'extrême (le cas de figure initial et l'obéissance absolue au voeu puéril d'Astrée), ne présentent aucun relief.