Les amours d'une blonde marque ma seconde tentative avec le cinéma de Miloš Forman, après Au feu, les pompiers ! que j'avais détesté. L'humour y était gras, cartoonesque et vraiment loin d'être drôle, et le tout était au service d'une satire sociale simpliste qui ne renouvelait pas l'intérêt du film. Carlotta ayant lancé son service de streaming avec une sélection de cinq films du réalisateur, je me suis dit que c'était une bonne occasion de lui donner une seconde chance.
J'ai trouvé les trente premières minutes du film assez insupportables, parce qu'elles reprennent tout ce que j'ai détesté dans Au feu, les pompiers !. On retrouve le coup du personnage qui fait tomber quelque chose dans une foule et qui va devoir traverser difficilement la pièce pour aller récupérer son objet, avec un petit supplément gras dans celui-ci puisqu'il finit son périple sous une table, devant des jambes de jeunes femmes. On a également une scène avec un groupe de réservistes qui offre une bouteille à un groupe de femmes, mais le serveur se trompe de destinataire et la donne à une table de femmes beaucoup moins charmantes. Vous l'aurez compris, l'humour est loin d'être fin, et je le trouve trop facile et grossier pour faire rire. Mais la suite est bien plus réussie.
En effet, quand le film se concentre sur Adula, à savoir ladite blonde du titre, c'est là qu'il devient vraiment intéressant. On assiste au début de sa relation avec Milda, un pianiste dont elle tombe amoureuse. Après avoir fait l'amour, on a deux plans que je trouve assez beau, avec les deux amants nus sur le lit, qui discutent en se taquinant... Milda répète inlassablement qu'il n'a pas de copine pour convaincre Andula, tandis que cette dernière essaye de le faire taire... Milda la compare à une guitare de Picasso, pendant que cette dernière lui caresse les cheveux... Avec des plans plutôt longs, assez immobiles... J'aime bien cette façon de ne pas se focaliser sur la relation sexuelle, mais sur le moment après, quand il n'y a plus d'excitation ni de pudeur, mais seulement de la tendresse désintéressée... C'est si paisible...
Mais ce que j'ai vraiment adoré, ce sont les trente dernières minutes du film, qui sont d'une beauté... Avec Andula qui tente de rejoindre Milda à l'improviste dans son appartement à Prague, mais qui tombe sur ses parents... C'est une magnifique preuve d'amour, et elle se retrouve confrontée à une situation cruellement réaliste, avec son amant qui ne l'attendait pas, et sa mère qui la rejette... La scène est grotesque, certes, mais au vu des enjeux, elle devient terriblement triste...
Du coup, je suis assez mitigé sur Les amours d'une blonde. Je déteste son premier tiers, que je trouve assez lourd et plutôt inutile, mais j'apprécie son second et j'adore son troisième. En tout cas, le film m'a réconcilié avec Miloš Forman, ce qui n'était pas gagné d'avance.