Film qui me hypait le moins de l'année, Les Animaux Fantastiques est une agréable surprise. Qui fait du bien.
Le temps d'un film je suis retourné à mes primes 8 ans où je découvrais émerveillé un bouquin qui faisait parler et dont mes parents m'avait procuré un exemplaire dans un tabac-presse miteux du fin fond des Vosges. La découverte d'un monde imaginaire totalement dingue où tout paraissait possible. L'état actuel de ce Harry Potter, premier du nom atteste, du nombre de fois dont les pages ont étés tourné.
Et là, à 24 ans, voilà que je retrouve ces sensations. L'émerveillement enfantin, la déception lorsque c'est terminé...
Car cela fait un bien fou de voir le monde de Rowling avec autre chose que Radccliffe et Watson qui hypnotisent les derniers films de la saga avec leurs regards bovins. Ici nous avons un Eddie Redmayne qui rend ce personnage de Norbert Dragonneau particulièrement attachant, un éternel enfant maladroit, un peu à l'ouest et ne se prenant pas beaucoup au sérieux. Et après le trop sérieux et le manque de magie avec laquelle la saga Harry Potter s'était terminé au cinéma, c'est franchement vivifiant.
Katherine Waterston et Dan Fogler (<3), que je découvre ici, complètent bien notre anglais dans une joyeuse bande de grands enfants.
Rowling au scénario peut enfin exposer ces thèmes et sous-texte sans qu'un scénariste passe tout cela au hachoir (l'adaptation du 7 que j'adore détester est une honte là dessus). Rowling l'anglaise propose une lecture au niveau des sorciers des problèmes bien connu aux Etats-Unis, la ségrégation, les communautés, la peine de mort etc... le tout étant très critique bien évidemment.
La musique, à la fois doucement rétro, magique et épique, fait le job sans non plus être incroyable (passer après John Williams, Nicholas Hooper dont je défendrais son travail sur HP 6 corps et âme, et Desplat n'est pas chose facile), La mise en scène de David Yates qui brille par son classicisme et le manque de parti pris dont il nous abreuve depuis HP 5 reste inchangée.
Etonnamment, Harry Potter est un énorme boulet pour ce film. Présenté comme un film se passant dans le monde de Harry Potter, une sorte de préquel de Harry Potter, par la créatrice d'Harry Potter... Son nom est PARTOUT dans la com du film, c'est Big Brother ce type, la preuve en est que je passe mon temps à en parler dans cette critique. Alors que c'est totalement autre chose. Une autre saga qui explore le monde des sorciers imaginé par Rowling, qui n'a AUCUNE raison de se raccrocher à la saga Harry Potter, juste un regard moins égocentré sur cet univers. Rowling n'est pas Georges Lucas, le film s'appelle Les Animaux Fantastiques, pas Harry Potter Origins. Même la musique en marquant une franche différence et ne citant la musique de Williams que 2 fois nous dit "Hop hop c'est autre chose les gars, oublier l'ado orphelin dépressif !". De la même façon dont j'avais séparé la saga littéraire et cinématographique du sorcier à lunettes, cette nouvelle saga est une toute autre chose, une anthologie en somme.
Bon, parfois l'intrigue nous prend parfois un peu pour des cons, disons-le. La même coupe de hipster entre Gridenwald dans le premier plan et Graves laisse peu de place à la surprise. Alors que dans l'église de Salem qui croit une seule seconde qu'une petite fille soit l'horrible Obscurus qui tue et saccage New York? Alors que à côté nous avons type qui a la même coiffure que ton voisin psychopathe et semble BIEN BIEN torturé intérieurement...
C'est beaucoup trop le bordel à la fin, New York est à feu et à sang, Michael Bay ne l'aurait pas renié, et hop un tube à essai avec des cendres de Schtroumpfs dans le bec d'un aigle magique et HOP tout est oublié pour les Moldus (ou Non-Maj, petite pique de Rowling sur les différences de vocabulaire en US et UK).
Mais la magie et la naïveté de l'enfance retrouvée efface immédiatement tous ces défauts.
Très curieux de la suite désormais, alors que 2h13 auparavant j'étais juste un type de 24 ans qui ne rêvait plus et avait perdu la magie de l'enfance. Et qui avait décidé d'aller voir ce film par défaut pour rentabiliser sa carte UGC.