Si le premier opus des animaux fantastiques s'était révélé bien trop tape à l’œil, cette suite tente de rectifier une trajectoire par trop éloignée de l'univers magique de la saga initiale.
Dès la scène d'introduction, le spectateur aura toutefois droit à une débauche d'effets spéciaux version dark cendrillon s'évade de sa camisole. Johnny Depp, grimé à souhaits , incarne un Grindelwald plutôt crédible dont la subtilité rhétorique n'est pas si courante dans ce genre de film. Son éloge de l'eugénisme est assez finement amené pour qu'on ne voie pas chez lui un méchant par trop caricatural, ses pouvoirs apocalyptiques exceptés.
De son côté, le candide Norbert Dragonneau, campé toujours aussi subtilement par Eddie Redmayne, offre un personnage féru de créatures exotiques mais quasiment autiste lorsqu'il s'agit de communiquer avec ses semblables.
On pourra savourer le jeu tout en nuances de Jude Law qui propose une version rajeunie de Dumbledore de façon plus qu'appréciable.
Les autres personnages, plus en retrait, offrent une composition acceptable.
Du côté du récit, l'univers sombre des années 30 présent dans le précédent film est toujours présent, quoique émaillé de jolies scènes de magie (le rangement express du cirque de rue en est un joli exemple) et de décors toujours aussi réussis. Le fil narratif ne dévoile guère ce qui se profile, les interactions entre personnages s'avérant relativement alambiquées, quoique appréciables. Il manque cependant ça et là un petit je ne sais quoi, sans doute un soupçon de magie (ou plutôt de poésie) que la naïveté du personnage principal ne suffit pas à distiller.
On se laisse alors bon gré mal gré porter par cette narration qui oscille entre intimité et spectaculaire jusqu'au final un peu trop délirant tant les pouvoirs mis en oeuvre semblent démesurés, dans quel but ? Plusieurs personnages de second plan meurent en pure perte, sans que cela ait véritablement un sens ; la scène où le tribun maléfique instille sournoisement son fiel présentant un intérêt bien supérieur à la débauche de magie qui suit.
Il n'en reste pas moins que certaines trahisons, couplées au pouvoir hypnotique de Grindelwald, laissent augurer des lendemains bien sombres, écho ô combien prophétique de notre triste réalité.