Superbe scène en début de métrage où deux frères, filmés depuis un rétroviseur de voiture, s'étreignent puis s'éloignent tandis que la caméra bascule en plan large aérien sur la prison attenante. Plan prémonitoire qui observe un passé heureux révolu pour un futur derrière les barreaux.
L'un des frères en sort, justement, de cette prison, après 4 ans, suite à un cambriolage qui a mal tourné. C'est Kenny, violent, à vif, paumé et traumatisé, qui a "fermé sa gueule" pour ne pas dénoncer son petit frère. Ce dernier, Dave, silencieux, calme, tout le contraire de Kenny, est en couple avec Sylvie, l'ex de Kenny, toujours amoureux fou d'elle. Il va ainsi falloir cacher à ce frère imprévisible qu'ils ont changé, qu'ils ne rêvent (surtout elle) que d'une vie banale où l'on "regarde la télé et cuit des patates en rentrant du boulot". Une vie rêvée que la sortie de prison du frère aimé et redouté à la fois vient bouleverser.


La comparaison avec Tarantino est sans doute une erreur tant le film s'en éloigne dans son traitement de la violence. Chez Tarantino, elle est jubilatoire, comique, cinématographique et politique. Ici, elle est virale, désespérée, urbaine, sans concession, prête à exploser salement.
C'est d'ailleurs sur ce point que le long métrage suit le sentier un peu trop balisé du film belge : ploucs mal habillés, vulgaires, quartiers destroy, appartements crados, tuning, canettes de Jupiler sur tous les plans, frites, mayonnaise, techno à fond, c'est parfois à la limite de la caricature là où d'autres films comme Bullhead, parvenait à garder une distance bienvenue.
Pourquoi en effet rajouter tant de misérabilisme et de pathos dans les décors et accessoires lorsque les acteurs sont si bons et l'histoire si bien tenue ?
Cela permet néanmoins au film de posséder ce mélange bienvenu de tension, misère sociale et dialogues trash (on adhère ou pas).


Jusqu'au climax dans les Ardennes qui convoque alors la part absurde (autruches et travelo sont au programme) de la créativité des Flandres. Peut-être à tort (le conflit fraternel perd en intensité) mais avec le mérite de nous offrir quelques passages décalés du plus bel effet.

HenriQuatre
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le 19 avr. 2016

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