A chaque fois que je lance un film de Denys de la Patellière, c’est une belle surprise. Il faut dire qu’un film qui me promet de jolis châteaux, une histoire familiale et un Pierre Fresnay merveilleusement aristocratique a tout pour retenir mon attention.
Dans ce film, nous suivons la famille du marquis de Maubrun, héritière d’un mode de vie aristocratique qui fait face à un monde changeant et se modernisant. Le contraste est alors fascinant : nous sommes dans les années 50 mais le marquis de Maubrun, aussi maire de son village, exerce encore son rôle aristocratique d’administrateur de la localité cerclant son domaine. Alors, ce système désuet se heurte aux valeurs du nouveau monde, entre le fils politisé, celui qui veut moderniser la propriété pour la rendre rentable et la fille souhaitant commettre une mésalliance, l’intrigue promet alors un film particulièrement intéressant.
Une fois ce formidable cadre posé, Denys de la Patellière s’amuse à questionner ce qui fait réellement l’aristocratie et quelle est sa nouvelle place dans la société. On y voit alors la critique de ceux qui n’ont d’aristocrate que le nom et le lignage et qui s’en suffisent ou de ceux qui singent à la manière du faux prince de Conti les modes de vie aristocratiques à s’en rendre totalement ridicules tout en montrant qu’il existe tout de même une possibilité d’existence de l’aristocratie, peut-être sous une forme différente, peut-être non héréditaire mais au sein même du peuple.
Le jeu grave de l’excellent Pierre Fresnay doublé d’une très jolie photographie qui met en scène un domaine de Maubrun en admirable décrépitude permettent au film de prendre toutes ses notes de nuances dans son traitement de l’aristocratie à cette nouvelle période de l’Histoire et à Denys de la Patellière de réaliser un très bon premier long métrage.