Un Nicolas qu'il faudrait mettre en Cage
Les Associés, film de Ridley Scott réalisé en 2003, reprend l'histoire du roman Matchstick Men d'Eric Garcia, et met en scène Nicolas Cage et Sam Rockwell dans un contexte d'escroquerie et d'arnaque, ce dont vivent les deux personnages. Cette association, qui a donné le titre français du film, va ensuite être plus ou moins influencée par la réapparition de la fille de l'un des protagonistes. Sous couvert de comédie dramatique, Scott sort donc, avec ce film, des sentiers qu'il avait battus, que ce soit dans les années 2000 avec Gladiator et La Chute du Faucon Noir, ou sur sa filmographie complète, avec Alien et Thelma et Louise.
Car Les Associés (qui, il faut le reconnaître, met beaucoup de temps à se mettre en place) se présente au début comme un film léger, presque comique, à en juger les mimiques et les TOC extravagants de Cage, ou encore les transitions de plans en balayage (qui donnent presque l'impression de regarder un diaporama, d'ailleurs). Cette atmosphère, mêlée à un métier d'escroc dans lequel les deux personnages principaux excellent, va ainsi servir le film tout du long, sans toutefois parvenir à combler le trop long déroulement du scénario.
Car le principal intérêt du film, finalement, c'est bien l'attraction que constitue l'énergumène que joue Nicolas Cage: un maniaque tiqué, agoraphobe, qui dépend de ses pilules; une attraction que rendra encore plus intense sa rencontre avec sa fille, et l'évolution de sa relation avec celle-ci. Le film focalise ainsi sur cette relation pendant une bonne heure, toujours au gré d'un ton léger et comique. Ce qui ne nous prépare pas au twist final du film, qui survient dans les dernières minutes et justifie, au final, tous les défauts que l'on avait pu trouver au film: un surjeu de l'actrice, ou encore des tournures scénaristiques incohérentes. Cependant, ce n'est pas suffisant; même si le film réussit un twist qui peut rappeler ceux de The Game, de David Fincher, l'atmosphère qu'il a exhalé durant l'heure et demi qui le précède est bien trop légère pour que l'on prenne ce film au sérieux. Ainsi, Les Associés ne demeure plus qu'un film sympathique, au scénario correct bien que long, dans lequel Nicolas Cage campe l'un des meilleurs rôles de sa carrière, et enfin où Scott se fait transparence, sa patte demeurant quasiment imperceptible dans le film.