Wenceslas Vorobeitchik, alias M. Wens, ça vous dit quelque chose?
Mais si, vous le connaissez, c'est ce personnage imaginé par le romancier belge Stanislas-André Steeman, héros de plusieurs films dans les années 40, et dont le plus fameux interprète restera l'inoubliable Pierre Fresnay dans "L'assassin habite au 21".
Pas de Pierre Fresnay ici pour incarner Wens, hélas, mais un obscur comédien wallon (Werner Degan), puisque le film de son compatriote Emile-Georges De Meyst est une production franco-belge, dont l'intrigue est située dans la bonne ville d'Anvers.
Tourné durant l'immédiat après-guerre, "Les atouts de M. Wens" montre la vie reprendre ses droits dans le plat pays, à travers notamment le petit monde joyeux du music-hall, et la faune qui gravite autour : petits malfrats, filles de joie, marchande de fleurs...
A l'opposé dans l'échelle sociale locale, Lucien Dolo attend sa nomination au Conseil Communal de la ville, compromise par une campagne de presse autour de la disparition mystérieuse de son frère Freddy dix ans plus tôt au Congo, à laquelle Lucien serait mêlé.
M. Wens sera chargé de démêler cette sombre affaire, d'autant que les cadavres commencent à s'accumuler dangereusement. On assiste ainsi à un polar agréable et assez captivant, qui propose en prime un twist final plutôt surprenant, même si on avait compris les grandes lignes de l'intrigue.
A noter également l'aspect amer de ce dénouement, loin du happy end qu'aurait laissé imaginer le ton général plus proche de la comédie.
L'interprétation n'est certes pas le point fort du film, mais l'acteur Louis Salou ne démérite pas dans son double rôle, les seconds rôles belges apportent leur dimension pittoresque, et les comédiennes françaises Marie Dea et Claudine Dupuis confèrent une certaine valeur ajoutée à cette distribution.